...cette explosion de pulsions sauvages et parfois criminelles chez des adolescents voire des enfants me semble constituer un phénomène récent, dont les causes sont multiples et complexes, mais que l'on peut néanmoins essayer d'appréhender.
Car on ne naît pas mauvais, ni sauvage, ni barbare : on le devient.
En effet, de même que le rideau de fer de l'ordre bourgeois tombé l'été 1968 avait consterné toute une jeunesse éprise de libertés et dont le désarroi ne lui proposait d'autre issue que la drogue, il me semble évident que les enfants et les ados de ce début du XXIe siècle ont été déçus et frustrés par l'inanité des révoltes de la société contre l'ignominie capitaliste, de l'échec des gilets jaunes à l'impuissance du mouvement syndical dans le grand conflit sur la réforme des retraites.
Le désir de violence est né lorsque l'Etat a répondu par la mascarade de la jactance du "grand débat" aux graves et légitimes revendications des déclassés, en particulier de cette frange péri-urbaine qui se trouvait menacée de précarité et de misère.
Le goût de se faire justice soi-même et aussi la haine de ceux qui bénéficient du système, n'a fait que croître au fur et à mesure que s'étiraient dans les rues des villes les longs cortèges des porteurs de pancartes...
Il faut ajouter à ces contingences la coagulation des jalousies, l'influence délétère des réseaux sociaux, le déni de culture et de fraternité, le racisme endémique, l'obscurantisme ainsi que les ravages occasionnés par le mirage des rumeurs !
L'Ecole a pour mission la socialisation des élèves et l'apprentissage de la vie collective : le fait-elle ?
Le syndrome "Orange mécanique" est sans aucun doute le fruits vénéneux du libéralisme.