Triste soixantième anniversaire pour la profession de foi de Robert Schuman qui proposait le 9 mai 1950,vouloir "unir le continent des guerres". Effectivement depuis lors,nous n'avons pas connu de nouvel affrontement franco-allemand mais nous avons assistés,impuissants,à la tragédie de "l'épuration ethnique" dans l'ancienne Yougoslavie.
Et l'Union européenne a progressé vaille que vaille,par étapes. Mais dans la voie du libéralisme non contrôlé : un marché commun sans monnaie commune,un conseil des ministres sans défense ni diplomatie commune,une commission européenne engluée dans une bureaucratie asphyxiante,enfin une monnaie commune,l'euro,plombant les porte-monnaies européens et flottant sans gouvernance économique et financière commune. Résultat : en 2010,l'Europe unie est un grand corps malade sans tête ni bras,à la merci des fluctuations des marchés.
Haro sur l'euro ! Tel est le mot d'ordre des spéculateurs de tout poil qui se conduisent comme dans une basse cour où les poules attaquent celle d'entre elles qui présente une faiblesse. Aujourd'hui c'est la Grèce,demain le Portugal,après demain...
Dans sa conception d'une Europe "unie pour le meilleur ",au XVe siècle,Charles Quint avait réussi à faire face à tous les courants centrifuges qui attaquaient cet empire "où jamais le soleil ne se couchait". Car il avait compris qu'une gouvernance fédérale était le seul bouclier à même de résister aux conflits d'intérêt ou de souveraineté : il avait passé son temps dans les diètes (assemblées) des états,des duchés ou des principautés de son vaste territoire. Afin d'assurer le primat du politique sur l'économique. Et il avait tenu son pari.
Les autres tentatives d'union europénne furent des échecs. Car elles reposaient sur la conquête. Mais en 1946,après la grande catastrophe,de beaux esprits reprirent le flambeau,en particulier Winston Churchill. Puis on jeta les bases de la reconstruction d'une Europe détruite ...Et,malgré l'échec de la CED (communauté européenne de défense) voulu par de Gaulle,une certaine idée de la construction européenne cheminait,avec le mouvement fédéral d'Henri Frenay et Charles Spaak. Mais le général refusa le fédéralisme car il ne voulait pas d' Europe supra-nationale.
"La politique de la France ne se fait pas à la corbeille !" disait-il. Mais c'est la "corbeille" qui finira par imposer sa loi aux successeurs européistes du général de Gaulle,qui opteront pour la voie libérale dans un mondialisme envahissant.
Nous n'avons pas fini d'en payer l'addition. Avec ou sans l'euro.