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Billet de blog 7 janvier 2016

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Un Président tranquille ? Moi aussi, j'aurais pu commettre un livre-témoignage à l'occasion du vingtième anniversaire de la disparition de François Mitterrand car je l'ai fréquenté avant et pendant son séjour à l'Elysée, et j'ai eu le privilège de converser avec lui lors de trois longs tête à tête.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Moi aussi, j'aurais pu commettre un livre-témoignage à l'occasion du vingtième anniversaire de la disparition de François Mitterrand car je l'ai fréquenté avant et pendant son séjour à l'Elysée, et j'ai eu le privilège de converser avec lui lors de trois longs tête à tête. Mais je ne suis ni un courtisan ni un charognard; aussi je n'évoquerai mes souvenirs personnels que pour éclairer un peu cette étrange métamorphose d'une personnalité construite et marquée à droite, qui se mua peu à peu en figure tutélaire de la gauche...

Je l'ai rencontré en 1973, il y a quarante-trois ans, lorsque je préparais mon film "Dreyfus ou l'intolérable vérité", sur les conseils et avec la recommandation de mon ami et compatriote auvergnat, l'écrivain Georges Conchon. N'ayant pas beaucoup de temps à me consacrer, il me proposa de faire le voyage en voiture jusqu'à Nevers où il devait prendre la parole au cours d'un meeting.

Au cours de la route, nous fîmes connaissance et nous sympathisâmes.

Je lui avouais mon aversion (pour ne pas dire plus) à l'égard de la SFIO et de Guy Mollet, qui avaient amputé ma jeunesse de deux longues années *puis je lui fis part de mon analyse du concept de l'anti-dreyfusisme, avatar de la veine nationaliste et cocardière que Maurice Barrès avait porté à son acmé avec "La colline inspirée".

La conversation s'orienta peu à peu vers la littérature et François Mitterrand me fit part de son intérêt pour les romans de Raymond Abellio qu'il découvrait (ou qu'il était en train de relire) ; le dévoiement de cet écrivain, qui avait été membre du cabinet de Léon Blum et qui accueillit avec ferveur l'émergence de la "révolution nationale" de Vichy, était pour lui une grave question transcendant "la trahison des clercs".

J'en profitais pour évoquer la figure singulière de Marceau Pivert, socialiste révolutionnaire égaré au milieu des notables, un mouton noir de la SFIO que la "vieille maison" n'avait cessé de biffer...

Mais mon interlocuteur avait repris son masque d'impassibilité.

(à suivre)

Jean A.Chérasse

* pour cette guerre coloniale d'Algérie qui n'était officiellement qu'une "opération de maintien de l'ordre".

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