... car cette fille d'Yvetot, issue d'un milieu prolétarien, ayant bénéficié de l'ascenseur social grâce à l'école de la République, vient valider sinon auréoler le grand combat pour l'émancipation féminine, qui était le sujet de mon précédent billet (ignoré par la modération de Mediapart) !
"Je me sers de ma subjectivité pour retrouver, dévoiler des mécanismes ou des phénomènes plus généraux, collectifs", a écrit Annie Ernaux et c'est bien pour cela que son oeuvre magnifiquement sobre et classique, a une résonance universelle.
De "La place" à la pertinence acérée des "Années" (2008) l'écrivaine s'affirme comme étant une radiographe impitoyable du temps présent dans le sillage de Pierre Bourdieu, et aussi et surtout comme étant une porte-parole de la rébellion de classe.
Son écriture, dépouillée et incisive fait penser à la plume des militantes de la Commune de Paris, Nathalie Lemel, André Léo, et Louise Michel.
L'attribution de ce prix Nobel de littérature à une française "insoumise" tombe à un moment où la désespérance est en train d'anesthésier notre pays et vient conforter le désir latent de refuser les casses sociales que nous annonce le néolibéralisme d'Etat.
Avec elle, le drapeau rouge flotte sur la marmite.