Le discours prononcé par François Hollande au mémorial du Camp des Milles ne peut que satisfaire toutes celles et tous ceux qui luttent contre le racisme et l'antisémitisme mais il apparait plutôt comme un voeu pieux, une prière pour opérer un charme, un désir d'enchantement pour percer la chape de plomb de l'ignoble...
En effet, si "toute l'histoire doit être transmise dans son exactitude face aux faussaires et aux négationnistes", le Président a devant lui un beau chantier pour y introduire la vérité et lui donner des ailes.
Car nous vivons dans un cloaque d'intolérance, de repli communautaire et d'égoïsme de classe, sur un fond de l'air xénophobe empuanti par tous les racismes.
Il y a donc fort à faire et les paroles - même bien ajustées - sont désormais impuissantes devant la renaissance de la bête immonde.
Il faut agir, avec force et détermination. Et ce n'est pas en se débarrassant du problème par un nouveau texte de loi qui, probablement, ira vite rejoindre les poubelles juridiques, que l'on arrêtera cette descente aux enfers !
Dans un précédent billet, j'avais cité mon film "Dreyfus ou l'intolérable vérité"* qui pouvait être utilisé comme arme pour faire comprendre la nature pernicieuse du racisme, et aussi comment nos ancêtres les "dreyfusards" avaient pu en finir avec cette ignominie.
Ayant présenté ce film et participé à des débats dans la plupart des grandes villes de France, j'avais acquis la conviction qu'il constituait une force de frappe de premier ordre et qu'il avait donc sa place dans les programmes de la télévision publique.
Mais j'étais bien naïf de croire encore à la vertu du "cahier des charges du service public" : depuis quarante ans, le film en question est interdit d'antenne car "il risquerait de troubler l'ordre public".
J'ai fait une dernière tentative pour mettre "Dreyfus ou l'intolérable vérité" (qui a été édité en DVD) à la disposition du gouvernement pour qu'il participe à la "campagne nationale de lutte contre le racisme et l'antisémitisme", décidée par le Président Hollande.
Pour cela, je me suis mis en rapport avec la DILCRA (délégation interministérielle de lutte contre le racisme et l'antisémitisme) et j'ai écrit à Monsieur Gilles Clavreul qui en est le patron ; il y a un an.
Je n'ai même pas reçu un accusé de réception.
La poudre aux yeux ?
Jean A.Chérasse
* ce film auquel participe notamment Henri Guillemin, a été honoré par le prix Méliès en 1975