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Billet de blog 10 janvier 2011

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Le vieux fusil (Mitterrand, Mediapart, Mémoire)

Pour en finir avec cette vive controverse qui a été provoquée par le 15e anniversaire de la disparition de François Mitterrand,je voudrais remercier Mediapart d'avoir respecté la liberté d'expression de ses abonnés non iconoclastes. Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient pour autant iconolâtres ; la "tontonmania" est une vieille lune à jamais disparue.

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Pour en finir avec cette vive controverse qui a été provoquée par le 15e anniversaire de la disparition de François Mitterrand,je voudrais remercier Mediapart d'avoir respecté la liberté d'expression de ses abonnés non iconoclastes. Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient pour autant iconolâtres ; la "tontonmania" est une vieille lune à jamais disparue. Je voudrais citer en particulier le billet d'Alain Ségalié,qui a permis à Edwy Plenel de faire des mises au point indispensables dans cette affaire de mémoire contestée. Car on peut être sensiblement d'accord avec Edwy Plenel sans tomber pour cela dans l'insulte et l'imprécation...

Dans la perspective de 2012,il me semble raisonnable de tirer un trait sur ce passé,et de remiser dans les greniers, ces vieux souvenirs rouillés,ce vieux fusil que l'on ressort périodiquement pour le graisser. Pour pacifier,voici un extrait de "L'abeille et l'architecte"* :

"Je ne calcule pas,je sens. Mais l'instrument de mesure reste approximatif surtout lorsqu'il s'agit d'apprécier la vitesse du temps. Si je me trompe de vingt ans,tant pis pour moi. J'ai changé dans la continuité...Du petit garçon qui était moi et dont l'image visite ma mémoire à la façon de l'aiguille sur le disque rayé,glissant toujours vers les mêmes sillons qui poussent les mêmes notes,je ne sais pas grand-chose hors trois ou quatre situations fixées une fois pour toutes et dont l'éclat brouille l'alentour. Un chemin creux que notre géographie familiale nommait le raidillon,conférant à ce diminutif une majesté singulière,une allée plantée de pommiers qui traversait des champs de blé,un mur du haut duquel,le dos sur la pierre plate,je plongeais dans le ciel,une fenêtre du grenier qui sentait le maïs et d'où je contemplais par-delà les tilleuls le paysage français qui a commandé à jamais l'idée que j'ai du paysage français. Inutile de le raconter sinon pour indiquer qu'il y avait des chênes,des saules,une rivière et la vallée qui se relevait pour se fondre dans le bleu horizon,couleur de circonstance des années d'après-guerre,à hauteur assez honorable pour qu'on put se flatter d'avoir devant soi des collines. J'entends encore le murmure des conversations du soir,dans le noir,ma grand-mère immobile,les doigts noués sur son ouvrage un moment délaissé,regardant la nuit s'étendre sur le jardin et peu pressée de se lever pour allumer le manchon à gaz du plafonnier. Les paroles s'élevaient,sur un ton grégorien,avec,entre elles,des épaisseurs d'ombre. Cela finissait par des oui et des non qui ne répondaient à rien ni à personne. Chacun partait en voyage sur les étriers de l'imagination et hop ! franchissait les frontières du temps."

* "L'abeille et l'architecte" de François Mitterrand (Flammarion,1978)

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