Nous nous étions connus en janvier 1969 lorsque viré de la télévision, j'avais été récupéré par France Inter grâce à l'aimable intervention de Madame Gilberte Ollivier qui fût la bienfaitrice des exclus de mai 68...
Pierre Bouteiller prenait l'antenne chaque matin à 9 heures et y analysait de manière intelligente, critique, et non conformiste, toute l'actualité du spectacle. Mais il ne pouvait traiter tous les problèmes du cinéma, qui traversait une grave crise de fréquentation, et il intervint auprès du patron de France Inter pour que soit programmée une soirée entière consacrée au 7e art.
Cette soirée hebdomadaire fût l'émission intitulée "24 images/seconde" que je produisais et animais, au moins dans ses premiers numéros, ayant cédé le micro par la suite à Arnaud Monnier, puis à Claude Chebel.
Elle devait lancer une grande campagne nationale pour la promotion du cinéma français, en liaison avec la SRF (société des réalisateurs de films) et réussit jusqu'en 1972, à épauler les sorties des films sur l'ensemble du réseau hexagonal.
J'avais choisi une petite salle de cinéma à Montmartre, le Studio 28, comme salle-laboratoire afin de tester le public et y organiser des débats à l'occasion de la présentation des films en avant-première.
Bouteiller fût l'oeil critique de "24 images/seconde". Il était un véritable cinéphile et sachait distinguer le bon grain de l'ivraie dans ses jugemenrs qui étaient toujours frappés de bon sens et de tolérance.
Il m'invita à son éphémère émission de télévision "Banc public" lors de la sortie en 1975 de mon film "Dreyfus ou l'intolérable vérité".
Sa réputation de non conformisme et d'insolence l'avait fait mal voir des directions de la radio qui lui confièrent néanmoins l'animation du "Masque et la plume".
Avec lui disparaît cette "différence" qui faisait l'honneur de cette radio d'Etat.
Adieu, "pierrot les bouteilles", l'homme qui jactait "l''impertinence" !