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Billet de blog 10 mai 2017

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Un jeune homme «providentiel»

Non, nous ne sommes pas le 25 décembre et nous ne sommes pas invités à célébrer la naissance du divin enfant, mais à en croire le déchaînement incroyablement thuriféraire des médias concernant Emmanuel Macron, le palais de l'Elysée ressemblerait bientôt à la chaumière de Bethléem...

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Dans un récent billet, intitulé "La grande méprise ?", qui est passé inaperçu car il n'était sans doute pas conforme au flot des applaudissements accompagnant l'arrivée du Prince dans le cénacle politique, je me permettais de faire remarquer que ce nouveau Président avait bénéficié d'une imposture électorale puisque le nombre des suffrages qui s'étaient portés sur son nom était inférieur à l'addition des abstentions, des bulletins blancs ou nuls ainsi que les votes de toutes celles et de tous ceux qui ont voulu contribuer à minorer le score du FN.

Mais j'étais loin de me douter que les "commentateurs de commentaires"* profiteraient de l'occasion pour saluer l'étrange victoire de ce jeune homme "providentiel", créature christique venue d'ailleurs, adoubée par les grandes écoles et par de grands penseurs, notamment Paul Ricoeur, et appelée à venir au secours d'une France morose et malade, couverte des furoncles du nationalisme et du racisme, parcourue par les colères d'une large partie de la population qui se sent exclue du bien-être public.

Et les médias de consacrer des heures d'antenne à cette "nativité" civique, en convoquant le ban et l'arrière-ban de tous les experts en politologie et même en sociologie afin d'analyser le phénomène et d'en préfigurer le développement !

C'était à la fois curieux, drôle mais affligeant de voir s'exprimer côte à côte hier soir, sur le plateau de "C dans l'air" (France 5) Jacques Attali (le docteur Frankenstein du phénomène), Edgar Morin et le fils Glucksman... sur le triomphe inattendu d'Emmanuel Macron et les contours de son action présidentielle pour rénover la société et réinventer la gestion politique du pays...Et, à mille lieues des spéculations philosophiques de ses invités, l'animateur de l'émission n'avait en tête qu'une question : qui sera son premier ministre ?

Certes le nouveau Président est intelligent et cultivé. Et il possède une bonne connaissance des dossiers à propos desquels il apportera sans aucun doute des réponses pertinentes : il m'a suffi de regarder l'excellente soirée organisée et enregistrée par Mediapart avec Emmanuel Macron, pour m'en persuader. Cet homme pressé est un Saint-Simonien qui aurait relu Tocquevlle ; il ne procrastinera pas...

Mais l'irruption de cet élément supérieur de l'élite bourgeoise dans la vie politique française est bien la preuve que notre république conservatrice veille au grain et sait s'adapter à tous les soubresauts du capitalisme.

Le néolibéralisme a trouvé son Lancelot.

* l'expression est de Saint-Exupéry ("Citadelle")

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