... car il s'agit bien de cela lorsqu'on assiste à l'éclosion miraculeuse d'un "homme providentiel" qui se présentera à Churchill comme "étant la France", et qui fera ensuite une grande partie de cache-cache avec le pouvoir tout au long de l'après-guerre. Mais l'ingratitude du peuple des "veaux" n'hésitera pas à le remettre en question au printemps de 1968, et lui donnera finalement son congé l'année d'après.
Je n'aurai pas la cruauté d'exprimer un jugement sur la réalisation pitoyable de cette bande de patronage, conformiste et bien-pensante, qui est au niveau médiocre des fictions tournées pour le petit écran, même si les comédiens Samuel Labarthe et Constance Dollé tirent tant bien que mal leurs épingles du jeu*, mais je ne peux que stigmatiser les auteurs des téléfilms (Patrice Duhamel et Jacques Santamaria) de s'être contentés d'enfiler tous les clichés du gaullisme, et de passer sous silence non seulement les scandales du régime mais aussi d'en ignorer les décisions pour favoriser le profit capitaliste et les privilèges des classes dominantes. Quant à la guerre d'Algérie, on l'a laissée aux abonnés absents.
Ce n'est évidemment pas par hasard que la télévision de l'Etat macronien a lancé cette opération hagiographique, mais nous avons le devoir de dénoncer cet enfumage et de pointer cette imposture, qui est un déni mémoriel ainsi qu' une falsification du passé.
Il y a néanmoins une seule séquence qui m'a paru indispensable à la compréhension des motivations du héros providentiel : son face à face avec Georges Mandel à Bordeaux le 17 juin 1940, conversation au cours de laquelle Mandel conseille à de Gaulle de rejoindre Londres au plus vite, ce qui signifierait que "l'appel du 18 juin" n'est pas le fruit d'une décision personnelle...
Les images d'Epinal devraient rester dans les musées.
L'histoire n'est pas la chienlit.
* en revanche, à noter l'interprétation clownesque du personnage d'André Malraux par Francis Huster !