Un rapport sur la politique culturelle du quinquennat doit être remis lundi 13 mai à François Hollande. Dans la mesure où cette mission a été confiée à Pierre Lescure, co-fondateur de Canal +, on peut légitimement s'inquiéter sur les grandes orientations qui vont être proposées.
Lescure est sans aucun doute un professionnel bien inséré dans les milieux du spectacle. Mais il est non seulement suspect de conflits d'intérêt possibles avec de grands groupes de l'industrie des medias, mais encore et surtout il a été le catalyseur d'un tsunami culturel dont on peut hélas constater les ravages, notamment sur la plupart des chaînes de télévision.
En effet, il est l'initiateur de "l'esprit Canal" dont la caricature s'étale tous les jours avec complaisance dans l'émission de Michel Denisot, "Le grand journal", ponctuée par "Les guignols de l'info" et les ricanements potachiques de Yann Barthès.
Cette "culture Canal" est basée sur la superficialité et la dérision. Elle a pour but d'amuser en infantilisant, dans de courtes séquences coupées de publicités, ne retenant de l'actualité que l'écume people ou des petites phrases sorties de leur contexte afin de mettre leur auteur en contradiction avec lui-même. Elle opère un lavage des cerveaux pour faire en sorte que la société du spectacle soit en réalité une braderie commerciale.
Surtout ne pas informer et ne pas réfléchir.Se moquer et (surtout) consommer !
Ainsi Canal +, chaîne cryptée et payante, conçue au départ pour apporter une émulation créative dans les médias, a-t-elle introduit le poison du snobisme et de l'affectation décalée dans un système de communication de masse que l'on aurait pu mettre au service de l'éducation et de la culture. Un laboratoire de la sottise et de l'enfumage distingué.
La bienpensance bourgeoise n'a rien à craindre : elle a trouvé son chien de garde.
Cave canem.