On peut déplorer - à juste titre - l'état de délabrement démocratique de notre pays, tiraillé entre une gauche qui n'en finit plus de se renier et une droite toujours en quête de l'homme providentiel qui va lui assurer le gite et le couvert.
Mais cette déliquescence n'est ni mystérieuse ni fortuite. Elle est le résultat d'une longue évolution historique marquée par des mensonges d'Etat. Soit des mensonges par omission, soit des mensonges délibérés et soigneusement camouflés.
La vérité serait-elle intolérable ?
C'est ainsi qu'en 2014 nous n'avons pas encore fait le deuil de la grande raclée de 1940 ; et nous n'avons pas encore, assumé le traumatisme de Vichy... Aussi lorsqu'il s'agit de commémorer le centenaire de la "Grande Guerre", on (= le pouvoir en place) préfère s'exprimer avec les accents d'une commisération bien-pensante plutôt que de pointer les véritables causes de cette effroyable boucherie. Et on tolère que la télévision de service public commercialise l'événement en faisant de l'histoire-spectacle !
Alors, comment s'étonner que les élites bourgeoises qui sont au pouvoir depuis plus de deux siècles manipulent à leur profit l'histoire de France et jettent un voile pudique sur les convulsions qui ont jalonné notre passé ?
Il n'est pas croyable par exemple qu'aucune voie importante de la capitale ne soit pas nommée "Maximilien Robespierre" alors que toutes les avenues convergeant vers l'arc de Triomphe portent les noms des sanglantes batailles de l'empereur Napoléon !
Mais il est logique de constater que notre fête nationale a été choisie par les députés de la IIIe République parce qu'elle commémorait le 14 juillet 1790, cette fête de la Fédération réunissant à Paris les délégués des provinces, une fête symbolisant la réconciliation nationale et l'oubli des affrontements de classes...alors que ces mêmes représentants de la bourgeoisie française ont délibérément passé sous silence la commémoration du 10 août 1792, un événement majeur de la Révolution dont j'ai évoqué le 222e anniversaire dans mon précédent billet.
Un peuple dont on enfume le passé est prêt pour la servitude.
Car l'Histoire n'est-elle pas toujours subversive ?