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Billet de blog 12 janvier 2016

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Furyo

Au-delà de la mort. Dans le florilège des hommages à David Bowie, on fait peu référence à ses prestations d'acteur pour le cinéma alors qu'il a marqué de sa présence singulière quelques films importants. Parmi ceux-là, il en est un qui reste inoubliable : "Merry Christmas, Mr Lawrence" ("Furyo"), réalisé en 1982 par Nagisa Oshima d'après Van der Post.

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Dans le florilège des hommages à David Bowie, on fait peu référence à ses prestations d'acteur pour le cinéma alors qu'il a marqué de sa présence singulière quelques films importants. Parmi ceux-là, il en est un qui reste inoubliable : "Merry Christmas, Mr Lawrence" ("Furyo"), réalisé en 1982 par Nagisa Oshima d'après Van der Post.

A Java, en 1942, dans un camp de prisonniers anglais aux mains des Japonais, le commandant Yonoï (joué par Ryuichi Sakamoto) impose le spectacle de l'exécution d'un garde coréen accusé d'avoir violé un captif. Mais les british manifestent et sont immédiatement punis de privation de nourriture.

Un des prisonniers, Jack Celliers (interprêté par David Bowie) se rebelle et va étreindre Yonoï au moment où il va exécuter un officier anglais, le capitaine Hicksley (joué par Jack Thompson). Le commandant japonais qui n'est pas insensible au charme vénéneux de Celliers, craque, se voit écarté par son adjoint qui fait enterrer le rebelle jusqu'au cou afin de le vouer à une mort lente et inéluctable. Yonoï vient lui couper une mèche de cheveux...

Le face à face entre l'un des plus grands acteurs japonais (Sakamoto) et l'étrange silhouette du compositeur-chanteur David Bowie, dont le visage d'épervier au regard vairon donne au film un remarquable degré d'insolite, est sans aucun doute un grand moment de cinéma, notamment avec la séquence mémorable du supplice de Celliers.

Jamais Oshima n'a été aussi loin dans l'horreur et le sadisme provoqués par l'incompréhension de deux civilisations totalement étrangères l'une à l'autre. Yonoï est déchiré entre son code de l'honneur de samouraï qui n'accepte pas la défaite sans la mort, et son irresistible fascination pour cet Occident culturel, surréaliste et multiforme, fantasmagorique, trés bien incarné par David Bowie.

Nous aussi, il nous fascine.

NB/ "Furyo" est le nom donné par les soldats japonais aux prisonniers de guerre.

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