En écoutant avec une attention passionnée l'excellent dialogue Badiou/Onfray, arbitré par Aude Ancelin, j'avais l'impression d'assister au rêve éveillé d'une poursuite de la célèbre controverse entre Marx et Proudhon.
Confrontation de deux pensées majeures pour l'élaboration d'une réflexion de gauche qui reste trop engluée dans un médiocre présent puisque le champ est entièrement occupé par une gauche de ressentiment aux prises avec le libéralisme et ses avatars.
Avec Alain Badiou, le débat retrouve immédiatement l'essentiel et s'articule autour de trois points :
1) dans la confusion actuelle, il est urgent de reformuler la pensée dialectique révolutionnaire en dégageant les éléments prospectifs de reconstruction.
2) il faut prendre la mesure exacte du capitalisme mondialisé afin de trouver des armes pour le combattre tout en sachant bien que les subjectivités étant modelées par les marchés, il sera nécessaire de désenfumer et de désaliener.
3) on ne peut travailler utilement qu' à l'échelle internationale, et d'abord dans le cadre d'une nouvelle approche européenne, si l'on veut créer une organisation à la hauteur du désastre contemporain
Quand à Michel Onfray, partisan d'un communalisme libertaire basé sur une logique d'autogestion, il fait la même analyse mais déplore que le courant de pensée dans lequel il s'inscrit n'ait jamais eu l'occasion de faire ses preuves dans l'attente d'une révolution planétaire qu'il appelle de ses voeux.
Ce vivifiant face à face se termine par la définition d'une cible commune : l'oligarchie financière.
Un monstre qui met en grand péril l'équilibre social de la planète et implique l'union de tous ceux qui en sont - ou en seront - les victimes. La gauche doit renaître de ses cendres.
Le moment est venu de penser un néo-communisme.
Un communisme libertaire.
Oui, le fond de l'air est rouge !