Compte tenu de l'effarante disproportion résultant des élections législatives entre les gagnants et les perdants, on peut évidemment se demander si on est toujours en république et si le nouveau pâté amalgamant un cheval et une alouette sera digestible.
Dans un pays marqué par 51,29% d'abstentions dont on peut additionner le nombre à 0,74% de votes blancs et à 0,34% de votes nuls, quelle est la légitimité du pouvoir nommé ? Quelle sera son emprise réelle sur l'opinion publique ?
Par ailleurs, l'assemblée nationale ne comportant que quelques chevau-légers de l'Opposition sera en fait, réduite à une chambre d'enregistrement du pouvoir et entérinera toutes les mesures qu'il aura décidées.
C'est ainsi que nous nous dirigeons lentement mais sûrement vers l'exercice du pouvoir d'un seul homme, sans contestation ni opposition.
A l'instar du général Bonaparte, Emmanuel Macron vient d'endosser l'habit du "Premier Consul" de la République française.
Nous sommes donc maintenant redevenus comme l'ont été les citoyens de la 1ère République, les sujets du Consulat qui avait fait place au Directoire du 10 novembre 1799 au 18 mai 1804, et qui a bouleversé en profondeur la réorganisation de la France en centralisant tous les pouvoirs.
A l'actif de cette pseudo-monarchie, on peut évidemment citer le Code Civil et le franc-germinal, mais il y eût aussi le rétablissement de l'esclavage dans les colonies ainsi que le livret obligatoire pour les ouvriers...la "république bourgeoise" jouant son va-tout afin de ne plus subir les accès de fièvre du petit peuple.
Autrement dit, des réformes administratives sociétales souhaitées par les classes dominantes mais aucune mesure en faveur de la promotion d'une justice sociale afin d'atténuer les inégalités.
A l'époque, le Consulat fût un passage vers l'Empire, c'est à dire la mutation d'un pouvoir personnel vers un pouvoir absolu.
Aujourd'hui où les circonstances historiques sont trés différentes, la situation du pouvoir central est paradoxalement la même. Mais si son exercice ne sera ni freiné ni obéré par des contre-pouvoirs institutionnels, il risque d'entrer dans la zone dangereuse de l'abus de pouvoir.
Caveant Consules !...l'émeute peut gronder à nos portes.