Une épidémie de "ras-le-bol fiscal" vient de s'emparer de la France depuis la déclaration (bien maladroite) du ministre Pierre Moscovici, le 20 août sur France Inter : "Je suis trés sensible à ce ras-le-bol fiscal que je ressens de la part de nos concitoyens".
Comme si les Français protestaient unaniment contre l'augmentation prétendument déraisonnable des prélèvements obligatoires.
En réalité, cette psychose de "matraquage" est un phénomène médiatique et ce "ressenti" du ministre des Finances est devenu, peu à peu, un fait social avéré !
"Pour se convaincre que le thème du "ras-le-bol fiscal" est largement une construction médiatique, écrit Frédéric Lemaire*, il suffit de constater qu'il efface du débat public un autre ras-le-bol, au moins aussi crédible : le "ras-le-bol" de la stagnation ou de la régression du pouvoir d'achat...Au lieu de souscrire à l'emballement médiatique, le rôle d'un journalisme exigeant aurait été de s'interroger sur ce que les "ressentis" et les "on dit" de vacances, fussent-ils ministériels, recouvrent de réalité."
Si j'en crois le magazine "Alternatives économiques" "Les mesures supplémentaires pour 2013 n'ont probablement eu pour effet que de ramener la fiscalité des revenus et du capital des ménages à peu près au niveau qui était le sien en 2000 avant la débauche des baisses d'impôts pour les plus riches et les entreprises."
Au lieu de donner suite à la promesse de grande réforme fiscale du candidat Hollande qui aurait été la bienvenue, pourquoi le Président élu s'est il lancé dans la construction de cette "usine à gaz fiscale" qui ne convainc personne et donne cette fâcheuse impression de "matraquage" ? Toujours cette politique des petits pas et du compromis technocratique qui jette un voile grisâtre sur cette gouvernance, dite "normale".
Cette faute politique, car il s'agit bien de cela, est probablement l'un des éléments de l'héritage délétère de Jérôme Cahuzac. Elle aura sans doute de funestes conséquences électorales !
Du pain béni pour l'opposition : car qui veut noyer son chien l'accuse de la rage...
* ACRIMED, Observatoire des médias, le 12 septembre 2013