Vingtras (avatar)

Vingtras

historien,auteur-réalisateur de films

Abonné·e de Mediapart

2603 Billets

2 Éditions

Billet de blog 15 juin 2013

Vingtras (avatar)

Vingtras

historien,auteur-réalisateur de films

Abonné·e de Mediapart

La revanche des accords Blum/Byrnes

Vingtras (avatar)

Vingtras

historien,auteur-réalisateur de films

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un compromis intervenu entre Européens à l'issue de 13 heures de discussions vendredi 14 juin, exclut le secteur audiovisuel du mandat de négociations commerciales de l'UE avec les Etats-Unis. C'est en quelque sorte, soixante-sept ans après, la revanche des accords Blum/Byrnes qui avaient falli mettre en péril la bonne santé du cinéma français aux lendemains de la Seconde guerre mondiale.

En effet, le 28 mai 1946, Léon Blum et Jean Monnet signaient avec le secrétaire d'Etat James F.Byrnes, un accord qui liquidait une partie de la dette française (avec même l'octroi d'un prêt supplémentaire de l'administration Truman), en contrepartie du libre accès des films américains dans les salles françaises.

Etudiant et cinéphile, je me rappelle trés bien la réaction des intellectuels* et des milieux du spectacle, regroupés autour de la revue "L'écran français" qui était devenue en 1947, l'organe du "Comité de défense du cinéma français". L'acmé de ce mouvement de protestation fut le meeting du 4 janvier 1948, avec la plupart des vedettes du moment, comme Jean Marais ou Simone Signoret. Je faisais partie d'un groupe qui s'insurgeait contre cette propagande en faveur de l'"american way of life", la mode du blue jean, du chewing gum, du coca cola. Nous étions opposés à un autre groupe, dont sortira "la nouvelle vague" (avec Truffaut et Rivette) qui nous provoquait en assurant que "le plus mauvais film américain était meilleur que le meilleur film français"...

Mais si notre combat n'a pas réussi à limiter l'invasion culturelle américaine, il aura néanmoins permis la création d'un fonds d'aide à l'industrie cinématographique géré par le Centre national du cinéma (le CNC) dont le rôle sera considérable dans le maintien et le développement de la production nationale des films.

En n'ayant pas la même attitude que celle de Blum en 1946**, Hollande a su préserver le 14 juin, l'exception culturelle française, ce dont on ne peut que se réjouir.

Avec la naissance d'un nouvel Airbus, voilà donc deux bonnes nouvelles : serais-ce enfin l'arrivée des beaux jours ?

Quand on veut s'opposer au libéralisme, on peut.

* communistes (dont j'étais) ou proches du PCF

** mais avait-il le choix, héritant d'un pays exsangue, ravagé par la guerre ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.