Avec sa "lettre de Guy Mocquet" qui devait être lue dans les classes, Nicolas Sarkozy avait tenté une opération démagogique estampillée par son éminence grise Henri Guaino. Sans vouloir jouer sur les allitérations, on pourrait dire que son successeur va bientôt nous proposer de lire la "lettre de Guy Mollet".
En effet, en réflechissant à l'excellent article d'Edwy Plenel intitulé "Pays convalescent, pouvoir évanescent", j'ai soudain compris la filiation existante entre l'ancien Président du Conseil de la Quatrième République* et François Hollande.
Même parcours d'apparatchik (Mollet a dirigé la SFIO pendant 13 ans), même engagement européen, même pragmatisme politique.
Deux Présidents normaux.
Aussi ne faut-il pas s'étonner que les premiers pas de François Hollande l'aient orienté vers une action feutrée, basée sur un souci prudent de commissionnite. Aussi ne faut-il pas s'étonner que l'habileté politicienne devienne la vertu principale du nouveau pouvoir.
La gestion et la routine d'un clavecin bien tempéré. Avec en prime, le retour d'un nouveau Jules Moch (Manuel Valls) au Ministère de l'Intérieur, l'homme qui n'avait pas hésité à envoyer la troupe contre les grévistes.
Mais alors, ai-je voté (une fois au deuxième tour des "primaires", une autre fois au deuxième tour des "présidentielles") pour ce retour d'un avatar de Guy Mollet ? De celui qui m'a expédié en Algérie pour "maintenir l'ordre" et qui a hypothéqué ma jeunesse en me maintenant "sous les drapeaux", puis en me "rappelant" ?
Je suis un incorrigible naïf.
"Elections, piège à c..." !
*du 1er février 1956 au 13 juin 1957