Il y en a de multiples exemples dans l'histoire de notre temps mais je n'en retiendrai que deux, dont les trajectoires sont similaires : Marcel Déat et Laurent Wauquiez.
Le premier, brillant normalien, agrégé de philosophie, sorti de la rue d'Ulm avec des convictions de gauche, choisit l'action politique et se fait élire comme député SFIO. Puis il quitte la "vieille maison" au bout de quelque vingt ans, sombre dans un pacifisme ambigü et, finalement, après avoir rejoint Pétain et sa "révolution nationale", devient "collaborationniste" c'est à dire crypto-fasciste.
L'autre, qui occupe présentement l'actualité, brillant normalien, agrégé d'histoire, récupéré dans un premier temps par le modéré Jacques Barrot qui en fait son suppléant, donne d'abord des signes de tolérance et d'ouverture et se fait plutôt apprécier pour son empathie sociale ; ce qui lui a permis de conquérir la présidence de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais depuis le grand fiasco de l'UMP et de son ersatz LR, son égo a littéralement explosé ; étant persuadé qu'il est le meilleur, il ambitionne l'Elysée à l'issue du quinquennat d'un autre "fort en thème", Emmanuel Macron, qui, lui, estime avoir "toujours raison".
Wauquiez a bien compris que la faillite de la maison Le Pen lui ouvrait un large boulevard et qu'il pouvait désormais espérer prétendre fédérer toutes les droites, y compris celle peu ragoûtante du FN : il est empreint de la certitude du "fort en thème" à qui tout doit forcément réussir !
Où sont les idées, les sentiments, les convictions, le devoir ?
Où est le civisme, l'altérité, le sens du bien public ?
Le fort en thème est fort de son carrièrisme.
La méritocratie dévoyée.