Etant membre de l'Académie des arts et techniques du cinéma,j'ai reçu à mi-décembre 2009,une centaine de DVD des films français (ou étrangers) sortis sur nos écrans lors de l'année en cours. Et je viens de poster mon vote en vue de l'attribution des César (petite statuette oeuvre du sculpteur César,constituant un trophée récompensant les performances les plus remarquables selon l'avis d'une majorité de professionnels).
Je ne me prononcerai pas ici sur la qualité artistique de ces films,encore que je trouve le cru 2009 supérieur au cru 2008... mais sur le regard qu'ils permettent de porter sur notre société. Pour cela,je ne retiendrai que 5 films,4 longs métrages ("A l'origine" de Xavier Giannoli,"Les derniers jours du monde" des frères Larrieu,"Rien de personnel" de Mathias Kokalp, et "Welcome" de Philippe Lioret) et un court métrage ("La raison de l'autre" de Foued Mansour).
En dehors des films-reportage sur les banlieues (comme "Neuilly sa mère" de Gabriel Julien-Laferrière) la France de 2009 apparait bien dans sa cruelle réalité par le truchement de la fiction. Que ce soit cette histoire incroyable d'un mythomane qui redonne espoir et vie à tout une communauté menacée de mort par l'abandon d'un chantier,que ce soit le destin dramatique des travailleurs d'une entreprise qui prévoit d'en licencier bon nombre d'entre eux avant son changement de propriétaire,ou que ce soit la tragédie des immigrés afghans à Calais. Que ce soit enfin cette extraordinaire anticipation du chaos qui nous menace,dans cette ambiance anxiogène où nous sommes plongés...
La France de Sarkozy,puisqu'il faut bien l'appeler ainsi,se révèle dans sa diversité et dans la complexité de ses problèmes beaucoup mieux que dans les pseudo débats sur "l'identité nationale" organisés par le ministre Besson dans les préfectures.
A la différence de la télévision qui privilégie le sensationnel et le people,le cinéma reste bien le miroir de la société,proposant un excellent matériau à l'analyse des futurs historiens.