Ce pourrait être l'intitulé d'un rapport sur l'état du PS, surtout après la sotte et furieuse prestation de Manuel Valls au Grand Journal de Canal + ; c'est le titre du dernier polar de Fred Vargas. Un livre époustouflant.
En effet l'imagination débridée de la romancière nous conduit avec l'enquête du Commissaire Adamsberg assisté de ses fidèles équipiers, de l'île de Grimsey au Nord de l'Islande à une exploration historique qui met en cause "l'association d'étude des écrits de Maximilien Robespierre".
Un mariage de la carpe et du lapin me direz-vous ?
Non point car le romanesque manié avec le talent de l'écriture nous prend par la main et nous fait palpiter...
Fred Vargas (Frédérique Audoin-Rouzeau) qui n'oublie jamais sa formation d'archéozoologue médiéviste, a sans doute l'esprit traversé par les fantasmes de la présence du passé.
Ainsi elle met en scène un lointain descendant de "l'incorruptible"* qui avait créé et qui anime l'association précitée dont le but est semblable à celui du triumvirat Castelot/Decaux/Lorenzi avec leur série mythique "La caméra explore le temps".
Les adhérents de cette association se rassemblent périodiquement, se costument, se maquillent et jouent pour reconstituer des séances mémorables de la Convention !
De là à imaginer que certains d'entre eux dont la parentèle fût guillotinée, éprouvent l'impérieux besoin de venger leurs ancêtres ...
D'où le récit d'un méli-mélo historico-policier qui turlupine le sagace Commissaire dont les neurones sont chauffées à blanc. D'autant que cette sauce révolutionnaire enrobe une sombre histoire de cannibalisme sur l'îlot du Renard que le terrifiant afturganga, un brouillard opaque, dissimule à la vue des policiers venus enquêter sur deux meurtres dans cette partie septentrionale de l'Islande.
Ce polar sulfureux et jubilatoire pourrait me faire grincer les dents car il s'inscrit malgré tout dans le sillage de la légende noire de Robespierre dont l'image reste injustement ternie par la Terreur et la guillotine.
Mais l'univers de Fred Vargas est suffisamment décalé pour que l'humour prévale et nous offre des pages dialoguées hilarantes qui sont autant de morceaux d'anthologie.
Par les temps qui courent, c'est une véritable aubaine.
* Il est possible que Maximilien Robespierre ait eu une descendance, soit avec l'arrageoise Anaïs soit avec une lingère dont le nom ne figure dans aucune correspondance. Lors de son séjour à Paris, il vécût chez ses amis Duplay dont la fille, Eléonore, était considérée comme étant sa fiancée.
NB/ "Temps glaciaires" est publié par Flammarion (19,90 €)