"Nous entrons dans l'ère de l'autogestion et du renversement de perspective.
Nous n'avons connu de vie que sous l'ombre glacée de la mort. Nous n'avons rien entrepris sans penser que notre entreprise était vaine et insensée.
La France, en se soulevant, ouvre au monde des voies radicalement nouvelles. La créativité du "peuple des bassines" s'inscrit dans un mouvement d'autodéfense du vivant appelé à croître, à se fédérer, à multiplier, non par volontarisme mais parce que c'est cela ou se momifier dans un environnement sans insectes et sans oiseaux.
Nous ne sommes ni Sisyphe ni Prométhée, nous refusons les sacrifices, à commencer par le sacrifice de notre existence. Nous sommes des individus conscients que la vie et la terre leur ont été données avec un mode d'emploi dont ils sont en tant qu'humains les seuls détenteurs.
La vie en quête d'humanité a tous les droits, elle n'a aucun devoir. Tel est le renversement de perspective qui nous affranchit du ciel des Dieux et des idées, et nous remet droit debout, bien ancrés sur la terre.
Nous sommes arrivés à un point de rupture avec un passé qui nous a mécanisés. Nous sommes le point de départ d'un présent qui ne régressera plus. Nous sommes la renaissance d'une vie que rien n'a réussi à étouffer et qui maintenant revendique sa souveraineté. Regardez ! Nous étions une poignée de gueux, le gratin des rien-du-tout. Nous sommes des millions à découvrir une intelligence du vivant qui nous tient quitte de l'intelligence morte, qui nous a gérés comme des choses. Nous ne sommes plus une marchandise. Nul besoin de fanfaronner pour le faire savoir. Commençons par la base : plus d'école inféodée au marché, plus d'agriculture dénaturée, plus d'ordres à donner ni à recevoir.
Il faut cesser de raisonner en termes de victoire et de défaites, comme des encasernés. La militarisation des corps et des consciences, ça suffit !"
à suivre