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Billet de blog 18 mars 2015

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Les canons de la Fraternité

Il y a cent-quarante-quatre ans, dans la nuit du 17 au 18 Mars 1871, les soldats de l'armée de Versailles, mandatés par le chef du gouvernement Adolphe Thiers*, tentaient de récupérer les canons de la Garde Nationale** sur la butte Montmartre.

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Il y a cent-quarante-quatre ans, dans la nuit du 17 au 18 Mars 1871, les soldats de l'armée de Versailles, mandatés par le chef du gouvernement Adolphe Thiers*, tentaient de récupérer les canons de la Garde Nationale** sur la butte Montmartre.

L'opération qui avait sans doute été mal programmée (puisque les attelages pour tirer les pièces d'artillerie arrivèrent trop tard) fût un véritable fiasco car non seulement les canons restèrent sur place mais la troupe qui devait en prendre possession fraternisa avec les habitants du quartier tirés de leur sommeil par le remue-ménage. Et tout cela sous l'oeil narquois des Prussiens qui assiègeaient Paris.

C'est ainsi que débuta l'une des pages les plus extraordinaires de notre Histoire. Elle devait durer 72 jours et reste encore bien présente dans la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui "gardent au coeur une plaie ouverte" : la révolution Communaliste, ou si vous préférez "la Commune".

"Ce fut d'abord une immense, une grandiose fête écrit Henri Lefebvre, une fête que le peuple de Paris, essence et symbole du peuple français et du peuple en général, s'offrit à lui-même et offrit au monde. Fête du printemps dans la Cité, fête des déshérités et des prolétaires, fête révolutionnaire et fête de la Révolution, fête totale, la plus grande des temps modernes, elle se déroule d'abord dans la magnificence et la joie. Ces forces font irruption avec un calme grandiose. Le peuple parisien brise les digues, inonde les rues ; dans sa masse fraternelle et chaude, il enveloppe ceux qui doivent le combattre, les soldats du pouvoir établi. Il les désarme. Le héros collectif, le génie populaire surgit dans sa jeunesse et sa vigueur natives. Il a vaincu, du seul fait qu'il apparaît. Surpris de sa victoire, il la métamorphose en splendeur. Il se réjouit, il contemple son réveil et transforme en beauté sa puissance...Et c'est véritablement une fête, une longue fête, qui va de la journée du 18 mars à celle du 26 (élections) et du 28 mars (proclamation de la Commune) et au-delà, avec un cérémonial et une solennité magnifiquement ordonnés."

Mais la fête va bientôt s'enfoncer dans la douleur et la Fraternité va se briser sur l'égoïsme des "honnêtes gens".

Vive à jamais l'esprit de la Commune !

* Marx l'appelle "le nabot sanglant"

** ces canons avaient été fondus grâce aux collectes populaires

NB/ puis-je recommander aux lecteurs de ce blog le magnifique roman de Jean-Pierre Chabrol "Le canon Fraternité" (Gallimard) qui est probablement l'ouvrage de fiction le plus fidèle à la mémoire des Communeux ?

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