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Billet de blog 18 août 2015

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Le « désêtre »

"J'appelle désêtre dit Alain Badiou, cette disposition conservatrice du sujet humain qui le ramène à la survie animale, à sa seule satisfaction et à sa place sociale. Le désêtre est ce qui interdit à un sujet d'expérimenter ce dont il est véritablement capable."

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"J'appelle désêtre dit Alain Badiou, cette disposition conservatrice du sujet humain qui le ramène à la survie animale, à sa seule satisfaction et à sa place sociale. Le désêtre est ce qui interdit à un sujet d'expérimenter ce dont il est véritablement capable."

Sans vouloir m'immiscer dans un débat philosophique qui n'est pas dans ma modeste compétence de "veilleur d'histoire", je suis tout à fait d'accord avec ce maître à penser lorsqu'il dit "qu'il vaut mieux un désastre qu'un désêtre".

Et je crois qu'il s'agit là du plus grand danger qui menace le corps social dont nous faisons partie, puisque nous sommes de plus en plus relégués au statut de sujet-consommateur, "cette figure objective dominante, celle qui fait tourner le monde...Si tout à coup, plus personne n'achetait, le système s'effondrerait comme un jeu de quilles. Donc nous sommes enchaînés à la nécessité d'acheter les choses dans leur surgissement, leur nouveauté, leur inutilité foncière ou leur laideur criminelle. Or je pense que ce n'est pas sans contaminer la figure générique des rapports entre les hommes, rapports qui valorisent désormais officiellement la concurrence."

Cette citation de l'interview qu'Alain Badiou a accordée à Nicolas Truong, journaliste au "Monde" a fait l'objet d'une "édition" de Bernard Uguen, intitulée "Alain Badiou : "tu peux, donc tu dois".

Mettant l'accent sur l'urgence d'autonomiser l'homme pour qu'il (re)- devienne un citoyen à part entière, Badiou a mille fois raison de placer à ce niveau la barre de l'exigence morale et sociale.

Il flotte dans cette interview comme un parfum de la Commune de Paris, avec en filigrane, les ombres des Pottier, Varlin, Delescluze, Ferré, Arnould, Vallès, Clément, Courbet, Louise Michel... dans le sillage du remarquable essai de Kristin Ross*.

Et je me demande si notre grand philosophe ne pourrait pas être enfin le trait d'union salutaire entre le socialisme utopique et le marxisme ?

Proudhon + Marx = le bonheur ?

* "L'imaginaire de la Commune" (La fabrique)

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