Le 1er octobre 1960, une grande campagne de spots publicitaires démarrait sur les petits écrans de l'O.R.T.F. : "Suivez le boeuf !"
Cette opération, imaginée et conduite par Joseph Fontanet et François Missoffe, ministres du gouvernement de Michel Debré, avait pour but d'alerter les consommateurs sur la crise que traversait l'élevage français dont la production, arrivant sur les étals des bouchers, était vendue à un prix trop élevé qui dissuadait les clients...
"Vous me donnez le vertige, dit le boeuf, vous m'avez fait monter trop haut. Suivez le boeuf !" : cet échantillon du verbiage publicitaire que présentait Pierre Sabbagh, l'air rigolard, devait contribuer à faire baisser les prix de la viande bovine. Et permettre ainsi aux éleveurs, de retrouver un équilibre commercial dans cette filière de l'activité agricole.
Si elle n'a pas régulé la consommation des beefsteaks, la campagne "Suivez le boeuf !" a eu tout de même le mérite d'inspirer à Georges Perec son 338e souvenir...
Sans doute est-ce en hommage à ce magnifique écrivain que François Hollande vient de lancer, à Villefort (en Lozère), un "appel à la grande distribution" pour qu'elle sauve les producteurs français de viande de boucherie...en augmentant les prix.
Autrement dit, au lieu de s'attaquer avec courage et détermination à une réforme en profondeur des circuits de distribution et aux marges des intermédiaires, on fait appel au "patriotisme des citoyens-consommateurs" en les priant de mettre la main au porte-monnaie.
Un effet boeuf de la politique ou un boeuf à la ficelle ?