Le débat introduit par "Le testament du Père Ubu" ayant été pollué puis détourné médiocrement par un troll, je reviens aujourd'hui sur cet héritage qui est non seulement la principale hypothèque sur le bon développement de la société française mais aussi et surtout une camisole de force étouffant la possibilité d'une république sociale.
En effet, sans doute depuis les Carolingiens qui installèrent dans l'imaginaire français la légitimité d'une monarchie de droit divin qui fut sérieusement ébranlée par la Révolution de 1789, et plus récemment par l'irruption d'un homme providentiel en la personne de Napoléon Bonaparte, le concept réligieux de "sauveur" a-t-il pénétré progressivement dans l'opinion publique qui l'a en quelque sorte laïcisé et fait entrer dans la doxa républicaine.
Ainsi le général de Gaulle fut-il reconnu comme tel à la libération de la France. Mais son charisme de "sauveur" ne dura pas et il fut vite remplacé par un régime d'assemblée, la IVe République, qui eût l'honneur de relever la France de ses ruines.
Profitant avec machiavélisme de l'imbroglio colonial algérien, le général revint aux affaires et mis en place une république monarchique, taillée pour lui-même, dont nous avons héritée et qui constitua un costume sur mesures pour François Mitterrand dans la mesure où il avait acquis une légimité lorsqu'il avait mis en ballotage le fondateur de la Ve République.
Depuis lors, se sont succédés sur le trône républicain, des politiciens sans envergure qui font de la gestion au jour le jour, de la gouvernance de com, et qui sont incapables d'imaginer un grand dessein politique pour la France en Europe.
Car le temps des hommes providentiels appartient désormais au passé et nous assistons déjà à l'émergence d'une force collective qui prendra probablement des formes inattendues mais qui se constituera peu à peu en pouvoir participatif, associatif et fédéral...
De quoi rendre silencieux tous nos bavards "intellectuels médiatiques" dont les gloses sur l'identité et le déclinisme sont autant de discours absurdes sur le sexe des anges !
Il n'y a plus de "sauveur suprême" ni d'homme "providentiel".
Le pouvoir doit être collectif et fraternel.