On s'interrogeait à perte de vue sur la doctrine de "la République en marche" ; on estimait qu'elle n'était pas indispensable pour cimenter un nouveau rassemblement panurgien des "honnêtes gens" ; on la jaugeait à minima comme étant un bouclier voire un air-bag destinés à protéger le président en cas de dérapage ou de coup dur.
On était une fois de plus à côté de la plaque ! Le macronisme est un pragmatisme bourgeois, uniquement orienté vers la préservation des intérêts des classes privilégiées.
Puisqu'il faut l'appeler par son nom, il est non seulement "une approche spécifique que réclame l'être humain du point de vue de son appartenance au monde"* mais il a irrigué, dans ce dernier tiers du XIXe siècle où poussaient les idées comme des champignons, la pensée et l'attitude des classes sociales dirigeantes du monde entier afin de justifier leurs gouvernances basées sur l'injustice puisque elles devaient "s'adapter aux contraintes de la réalité".
Depuis lors, cet "american way of power" est devenu l'assaisonnement préféré du capitalisme, et il est invoqué pour en conforter les pratiques, les entourloupes et les vilenies en tous genres...
Et cette martingale favorite de la droite réactionnaire a tellement bien fonctionné qu'elle a été récupérée par une gauche réformiste, obsédée par la prise du pouvoir politique et encline à la collaboration de classe : ce sera la social-démocratie.
Il n'est donc pas invraisemblable de constater que la plupart des nouveaux caciques du macronisme sont issus de cette mouvance, au nom du pragmatisme.
Mais si cette politique dite du "chien crevé au fil de l'eau"** a pu faire illusion aux tristes époques de la société enfumée (lors de "la république des ducs" par exemple), elle ne pourra aussi longtemps résister à la puissante vague de la nostalgie du temps des cerises, c'est à dire à la frustration des éléments de bien-être imprimés dans une mémoire sans oubli.
* Kant
** André Tardieu, notable de la IIIe République