Les auteurs du superbe "essai sur la révolution au XXIe siècle"*, le philosophe Pierre Dardot et le sociologue Christian Laval, ont écrit dans leur introduction à "Commun" : "L'avenir semble interdit. Nous vivons cet étrange moment, désespérant et inquiétant, où rien ne parait possible. La cause n'en est pas mystérieuse, et elle tient non pas à quelque éternité du capitalisme, mais au fait que ce dernier ne trouve pas encore en face de lui les contreforces suffisantes. Le capitalisme continue de déployer son implacable logique lors même qu'il démontre chaque jour sa redoutable incapacité à apporter la moindre solution aux crises et aux désastres qu'il engendre. Il semble même étendre son emprise sur la société à mesure qu'il déroule toutes ses conséquences. Bureaucraties publiques, partis de la "démocratie représentative", experts, sont de plus en plus enfermés dans des carcans théoriques et des dispositifs pratiques dont ils ne peuvent sortir."
Nous venons d'en subir les effets au cours du calamiteux quinquennat de François Hollande et sa molle gouvernance social-libérale ; nous allons bientôt éprouver les conséquences délétères d'une politique technocratique autoritaire qui va ignorer toute justice sociale.
Par ailleurs, l'état du monde ne prête ni à se réjouir ni à espérer !
Or il se trouve que je viens d'achever un gros travail historique sur la Commune de Paris 1871 qui non seulement m'a permis de mieux comprendre cette courte mais essentielle page de notre passé, mais m'a surtout replacé sur les rails de l'espoir...
En effet, le messianisme communeux qui prône "la fraternité sans rivages" est le plus pertinent message politique que l'on peut attendre d'une réflexion collective d'un XIXe siècle, riche en idées et en réflexions sociales, depuis Buonarotti et les babouvistes jusqu'à Marx et Engels, en passant par Louis Blanc, Pierre Leroux, Constantin Pecqueur, Fourier, Saint-Simon, Cabet...sans oublier naturellement le maître Proudhon.
Les 72 Journées (Immortelles) de la Commune sont en quelque sort le phosphène de la société telle qu'elle devrait être. Car la Commune a imaginé il y a cent-quarante-huit ans, la plupart des bienfaits dont la République nous permet de disposer aujourd'hui et qui la rendent encore supportable...
Mais cette république bourgeoise plus ou moins sociale, masque une république libertaire fédérale et mutuelliste, écosocialiste, qui devrait être la plateforme populaire d'un vaste programme de la fusion de toutes les gauches.
Et ce programme qui baigne dans l'anarchie positive, pourrait sortir de l'utopie grâce aux travaux d'une pléthore d'institutions réparties sur quatre continents, dont l'inspirateur est Parag Khanna : la connectography .
Le chercheur américain manie le numérique comme Zeus maniait la foudre du haut de son Olympe ; et il nous indique comment le numérique permettrait de créer cette "république universelle" qui était le grand rêve des Communeux.
L'ère 01 du bonheur mondial ?
* "Commun" (La Découverte)