"Ce qui effraie le Pouvoir, c'est moins le grand nombre des opposants que la qualité de la vie qu'ils revendiquent. Lors des grèves anciennes, les patrons redoutaient moins l'ampleur numérique du mouvement que la joie profonde qui animait les insurgés. Ils avaient les moyens d'en venir à bout grâce au chantage habituel du "pas de travail, pas de salaire !".
Alors que le capitalisme annonce aujourd'hui sans ambages que la hausse du prix des denrées et la baisse des salaires sont inéluctables, que l'on m'explique comment le chantage traditionnel a la moindre chance d'obtenir une reprise générale du travail ? On comprend en revanche que l'Etat - tenu d'enrichir ses pourvoyeurs - n'ait plus, pour masquer sa faillite sociale, qu'à tabasser ce peuple dont la présence le terrorise. Mais pendant combien de temps ?
Qu'on ne nous accuse pas de vouloir abattre l'Etat. Il s'abat tout seul et il s'abat sur nous.
Son inutilité dévastatrice nous met en demeure de palier, par la création de zones d'autodéfense du vivant, la disparition programmée des biens dont il nous pourvoyait jadis quand il se souciait d'une communauté citoyenne. Ce n'est pas le tout de mourir, il faut bien vivre !
Il n'est pas une seule forme de gouvernement qui n'ait fait le malheur des peuples censés bénéficier de ses bienfaits. A peine sortis des pires dictatures, nous avons hérité de la meilleure, si l'on peut qualifier ainsi un totalitarisme économique où le politique perd pied tant se déversent et s'amoncellent en cette fin de parcours les excréments de ce qui fit la gloire du passé - aristocratie, démocratie, oligarchie, impérialisme, monarchie, autocratie et tutti quanti.
C'est de ce tout-à-l'égout où ils s'enlisent que nos ennemis prétendent mener contre nous une guerre à outrance ? Voire ! Nous sommes capables de frapper, de disparaître, de resurgir où on nous attend le moins. Nous avons appris des guérillas traditionnelles que leur échec fut moins le fait de la violence répressive que de leur propre organisation interne où se perpétuait la structure hiérarchique du monde dominant. Souvenez-vous de l'effarement des élites françaises devant les gilets jaunes : "où sont donc les chefs, les responsables avec qui discuter ?" Eh non ! Il n'y en avait pas. Faisons en sorte qu'il n'y en ait jamais !"
à suivre