La crise qui secoue le Mali depuis six mois est extrêment grave. Elle est la conséquence indirecte de la révolution libyenne et de l'aide militaire apportée aux insurgés par la France et le Royaume Uni, car les puissances concernées n'ont pas mesuré tous les risques qu'il y avait à laisser ouvrir cette "boite de Pandore"...
On a en effet assisté à l'exode massif des mercenaires touareg appointés par Kadhafi et à la dissémination d'armements divers pillés dans les arsenaux libyens par les groupes djihadistes, notamment AQMI.
Dans le nord du Mali soumis à la férule d'intégristes fanatisés et obscurantistes, les atrocités se multiplient : femmes violées, population terrorisée, enfants maltraités, écoles saccagées, mausolées de Tombouctou détruits...A la crise sécuritaire s'ajoute naturellement une crise alimentaire et humanitaire. Déjà, plus de 300 000 Maliens se sont réfugiés au Sud ou dans les pays voisins. Ce drame risque de se répercuter, à brève échéance, sur la stabilité de toute la région. D'autant plus que le Sahel a été affecté sinon perturbé par les opérations militaires de l'OTAN en Libye.
Un député de la majorité, membre de la Commission des Affaires étrangères,mon ami François Loncle vient d'interpeller Laurent Fabius à ce sujet : " Comment restaurer la légalité constitutionnelle à Bamako ? Comment concilier les aspirations des Touareg avec l'intégrité territoriale de l'Etat malien ? Comment lutter contre les bandes "gangstéro-djihadistes" qui sévissent dans la région et qui, grâce aux prises d'otages, ont accumulé une énorme masse financière leur permettant de recruter des combattants ? Qu'entreprend la diplomatie française, en liaison avec l'ONU, l'Union africaine et la Cédéao, pour aider le Mali, le Sahel à sortir de la crise ? "
On aurait souhaité que BHL, le "philosophe-qui-s'en-va-en-guerre" se pose quelques unes de ces questions avant d'aller précipiter un Président aux abois (et à la recherche d'un lustre hypothétique) dans une opération militaire destinée officiellement à protéger des populations mais dont le but était en réalité, l'élimination d'un dictateur qui en savait trop...