...tant et si bien que la France de cet automne 2018 se met curieusement à ressembler aux lieux du "Procés" de Kafka, magistralement filmé par Orson Welles. Des lieux improbables où s'agitent de faux accusés sinon de faux coupables, dans la splendeur majestueuse d'un patrimoine jalousement gardé par Stéphane Bern, sous l'oeil dominateur et sournois d'un avocat jupitérien.
A l'instar des humains robotisés du film, cette France soumise et résignée n'a d'autre issue que la dénonciation ou l'anathème. Et permettez moi d'avouer ma stupeur de voir un Romain Goupil*, qui fut mieux inspiré lorsqu'il évoquait Mai 68, vomir sa haine inexpiable de Mélenchon et des Insoumis, sur l'une des chaînes de l'info continue ; il n'est malheureusement pas une exception puisque tous les "commentateurs de commentaires", ces experts en politologie qu'on nous inflige à longueur d'émissions délétères, hurlent à l'unisson leur dégoût du tribun marseillais en stigmatisant ses facéties caractérielles.
Ainsi ce pays, qu'un Président de la République digne de ce nom, devrait rassembler et unir, est en passe de se segmenter, de se diviser, de se fractionner non seulement entre les zones urbaines et les campagnes, mais aussi et surtout horizontalement et verticalement.
D'où l'existence d'un terreau propice à la haine de tout autrui qui ne vous ressemble pas !
Il y a cent-cinquante ans, les Communeux espéraient pouvoir édifier une république fraternelle ; aujourd'hui, les "marcheurs macroniens" sont en train de bâtir une autocratie du chacun pour soi.
L'opinion est versatile : gare au retournement !
* il serait (avec Cohn-Bendit) l'un des "visiteurs du soir" de l'Elysée !