...car ayant toujours été un contempteur du sport-business, j'avoue néanmoins avoir été surpris par le tsunami journalistique déclenché par cet événement d'un bout à l'autre de la planète, alors que les centres d'intérêt mondiaux et les abcès de fixation sont bien ailleurs !
Je sais bien que l'empire romain avait installé la pérennité de sa dictature par l'organisation des jeux et les combats de gladiateurs, mais je croyais que ce "panem et circenses" appartenait désormais au cimetière de l'Histoire, et qu'il pourrait le cas échéant servir de boite à idées aux scénaristes d'Hollywood...mais je ne pensais pas que cette martingale du pouvoir fût récurrente.
Cela étant dit, je me suis laissé tenter par la retransmission télévisuelle de la finale Argentine/France et j'ai été époustouflé par le spectacle que nous ont offert ces deux équipes, au cours d'un récital sportif qui a été bonifié par une dramaturgie digne des meilleurs films d'Hitchcock !
Aussi je comprends pourquoi ce match a battu tous les scores d'audience du petit écran car l'affrontement des 22 footballeurs animés du désir de vaincre ne pouvait être que rude et grandiose.
Mais l'événement sportif en question pose un problème sociologique d'une particulière gravité : pourquoi les peuples ont-ils besoin de ce substitut footballistique pour s'assembler dans une communion collective et fraternelle ?
Pourquoi la lutte des classes et le combat anti-capitaliste semblent avoir été gommés voire oubliés lorsqu'il s'agit de taper dans un ballon ?
A un moment où la tragédie mondiale passe par l'Ukraine qui est ravagée par les bombardements russes et l'effroyable répression qui touche la jeunesse iranienne aux prises avec la barbarie islamiste, il est indécent voire pitoyable de constater que l'opinion publique est polarisée par une compétition sportive !
Mais la diversion n'a-t-elle pas toujours été une trahison de l'humain ?