...et on ne peut s'empêcher d'imaginer les regards narquois que jetaient les passants qui traversaient la place Vendôme lorsqu'ils aperçevaient l'autocrate chapeauté et botté, juché en haut de la colonne !
"Il ne perdra rien à attendre" disaient-ils, "son compte est bon", "on le foutra par terre !..."
Car si l'anéantissement du Second Empire et la disparition de Napoléon III avaient été salués avec bonheur et enthousiasme par une majorité de la population, il n'en restait pas moins à construire un nouveau régime s'apparentant à cette république que les sans-culottes avaient inventée en 1792.
Mais la mémoire collective n'avait pas oublié que la grande promesse d'émancipation citoyenne avait été brutalement interrompue et confisquée au profit d'un pouvoir autocratique voire dictatorial, celui de Napoléon Bonaparte...
Car le peuple qui, tout au long de son histoire, a lutté pour devenir souverain, est allergique à toutes les tentatives autocratiques : il en fit d'ailleurs la démonstration en Mai 1968 en déboulonnant la statue de Commandeur du général de Gaulle !
Aujourd'hui où la Ve République a viré à la monarchie parlementaire, le pouvoir bourgeois et technocratique risque d'être atteint par le syndrome de la Colonne Vendôme...
Elle fût abattue le 16 mai 1871, et la tête de l'autocrate roula dans le caniveau.