Invitée hier soir de David Pujadas pour son émission "Des paroles et des actes", Marine Le Pen a retenu l'attention pendant plus de deux heures, avec son abattage habituel.
Maniant habilement tour à tour, chiffres et déclarations péremptoires, sa prestation n'a apporté aucune information nouvelle concernant la politique du "Front national" mais elle a confirmé son ancrage dans la volonté nationaliste de cette formation. Avec cette précision qui est beaucoup plus qu'un changement sémantique : "Priorité nationale" plutôt que "Préférence nationale".
Deux personnalités politiques lui étaient opposées, le député PS Malek Boutih et l'ancien ministre Bruno Lemaire. Ils n'ont pas réussi à la déstabiliser car la Présidente du FN est passée maîtresse dans l'art de l'esquive.
Mais si l'ancien leader de SOS racisme a marqué quelques points en ajustant calmement son argumentation pour lui démontrer que la frontière entre le nationalisme et l'extrême-droite était poreuse, l'ancien maire d'Evreux avec son look de premier de la classe, a dérapé devant le bloc de mauvaise foi et les certitudes recuites de la fille du facho.
En tout cas, cette soirée de télévision nous confirme la capacité de nuisance de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle à propos de laquelle les derniers sondages disent qu'elle n'est plus perçue comme étant un danger pour la démocratie...
Jouant sur le bon sens populaire, la bienpensance morale et l'inconscient collectif xénophobe de la société française, Marine Le Pen s'est peu à peu drapée en icône nationaliste. Pour accéder au pouvoir, elle va faire du slalom entre une droite rendue déliquescente par une interminable guerre des chefs et un parti de notables sociaux démocrates qui va bientôt se dissoudre dans le social-libéralisme.
Attention ! Cette femme est dangereuse.
NB/ 2 634 000 téléspectateurs ont suivi l'émission, soit 11,7% de l'audience nationale (2e position derrière TF 1)