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Billet de blog 22 février 2018

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D'une semaine sanglante l'autre...

Tandis que la grande presse médiatique continue à ne s'intéresser qu'à l'écume de l'actualité, le sanglant boucher de Damas extermine sa population, en toute impunité, dans une indifférence quasi générale à l'exception toutefois de la timide déclaration du Président Macron.

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Mais la France est-elle qualifiée pour donner une leçon au dictateur syrien, pour jouer les redresseurs de torts, pour tenter de blanchir le sombre tableau du martyre d'un peuple ?

Il y a cent quarante sept ans, Adolphe Thiers (que Marx qualifiait de "nain sanglant") faisait massacrer le petit peuple parisien par une armée française reconstituée à la va vite aux lendemains de l'effroyable déculottée de Sedan et de Metz. Il n'hésitait pas à faire pilonner la capitale de la France par d'énormes pièces d'artillerie de marine disposées sur les hauteurs avoisinantes et il utilisait pour réduire Paris en cendres, les bombes à pétrole de la pyrotechnie de Bourges que les généraux du Second Empire n'avaient pas voulu tirer sur l'armée prussienne car ils craignaient ses représailles : c'était une page atroce de notre histoire qui est connue sous l'appellation de "Semaine sanglante".

Le bilan oscille selon les historiens entre 10 000 et 40 000 morts, mais n'en déplaise au scepticisme proverbial des anglo-saxons, nous sommes plus près des 40 000 que des 10 000 ; ce massacre fut suivi par une féroce répression qui s'abattit sur les 38 565 rescapés des pelotons d'exécution dont bon nombre furent expédiés au bagne, dans des conditions inhumaines...

Mais comme Bachar al Assad, Adolphe Thiers avait la conscience tranquille du satrape sans états d'âme.

N'avait-il pas protesté lui-même en 1848 à la tribune de la Chambre des députés contre le massacre des Siciliens de Palerme par leur propre roi : "Vous avez tressailli d'horreur en apprenant que pendant quarante-huit heures une grande ville a été bombardée. Par qui ? Etait-ce par un ennemi étranger exerçant les droits de la guerre ? Non, Messieurs, par son propre gouvernement. Et pourquoi ? Parce que cette ville infortunée demandait ses droits."

L'hypocrisie d'Etat n'a aucune limite, et si la France de la IIIe République a donné le nom de "Thiers" à de nombreuses rues, boulevards, avenues ou places - sans doute pour service rendu - il ne fait aucun doute que le nom de Bachar al Assad sera officiellement vénéré dans tout le proche Orient. Sic transit.

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