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Billet de blog 23 janvier 2011

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Cesar 2011 : le cinématographiquement correct

Nous avions le politiquement correct, le diplomatiquement correct, l'historiquement correct, etc. Nous avons maintenant "le cinématographiquement correct" depuis le dépouillement du vote des 3 812 bulletins des membres de l'Académie des Cesar.

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Nous avions le politiquement correct, le diplomatiquement correct, l'historiquement correct, etc. Nous avons maintenant "le cinématographiquement correct" depuis le dépouillement du vote des 3 812 bulletins des membres de l'Académie des Cesar.

En effet,les résultats des "nominations" expriment à la fois un conformisme général moutonnier et une prime à la notoriété, qui sont les deux critères fondant le goût d'une majorité des professionnels de notre industrie cinématographique. Notons également que le succès commercial vient parfois influencer négativement le choix des votants,comme dans le cas du film de Guillaume Canet "Les petits mouchoirs", comme il avait écarté "Les Chtis" de Dany Boon,l'an dernier.

Prime à la notoriété ? En effet que viennent faire aujourd'hui dans cette compétition Gérard Depardieu et Catherine Deneuve ? Qu'ont-ils encore à recevoir comme médailles ou distinctions ? Pourquoi couronner une fois de plus "Des hommes et des dieux",qui est certes un bon film,mais qui ne mérite pas ces excès d'honneur ? Pourquoi courir après les prix décernés à Cannes ou à Berlin,et ne pas distinguer des oeuvres qui ont été oubliées par les jurys ou les factions médiatiques ?

Il eut été plus juste de mettre au tableau d'honneur l'extraordinaire composition d'André Dussolier (il incarne Staline) dans le film de Marc Dugain "Une exécution ordinaire", Benoit Poelvoorde dans l'excellent film de Safy Nebbou "L'autre Dumas" (quel mauvais titre !), l'époustouflante composition de Zoé Felix dans "Captifs" de Yann Gozlan (un premier film !) ou la bouleversante Gisèle Casadessus dans "La tête en friche" de Jean Becker,dialogué par Jean-Loup Dabadie. Sans oublier Isabelle Huppert et Juliette Binoche,toujours inattendues et excellentes.

Il eut été pertinent enfin de distinguer le film de René Ferret "Nannerl,la soeur de Mozart",petit chef d'oeuvre d'intelligence et de goût, qui fait honneur au cinéma d'auteur.

Mais comment opérer une sélection digne de ce nom dans une production assez médiocre qui cible les idées reçues et les modes de l'air du temps ? Le conformisme s'est emparé de la société française,une société formatée par le Sarkozysme et un environnement médiatique qui privilégie les ricochets de l'actualité ("les petites phrases" qui font jaser) plutôt que l'analyse sérieuse de l'événementiel. Une bienpensance* made in France qui privilégie l'inculture, l'insignifiance et,bien souvent,la vulgarité.

C'est pourquoi les films français présentés sur nos écrans en 2010 portent le label du "cinématographiquement correct".

* en hommage à jpylg

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