...car la chaîne ARTE a été fort bien avisée de la programmer au moment où les Talibans reprenaient le pouvoir en Afghanistan.
Il s'agit d'une oeuvre monumentale, réalisée par Ken Burns et Lynn Novick, qui retrace les 30 années du martyre vietnamien : de la "sale guerre d'Indochine française" au pilonnage systématique de ce territoire par l'aviation américaine, 30 années dont le bilan est effrayant puisqu'il s'approche des 4 millions de morts !
Ainsi au cours de 9 épisodes (insurrection, bourbier, doute, révoltes, fantômes, mer de feu, guerre civile) puis "l'effondrement" avec ses images incroyables de l'évacuation par hélicoptères de l'ambassade américaine, cette admirable série nous a montré avec clarté et impartialité la victoire d'un peuple de paysans sur la machine militaire la plus destructrice du monde...une armée qui eut 60 000 soldats tués et 350 000 blessés.
Le David des rizières contre le Goliath des super-forteresses volantes !
Par ailleurs, Vietnam aborde sans détours ni précautions l'épineux problème de la responsabilité de l'ouverture des hostilités et analyse le processus de son fatal engrenage : aveuglés par un anti-communisme primaire, tous les Présidents US en prennent pour leur grade, de JFK ayant validé un peu trop rapidement une instruction secrète de la Maison Blanche pour autoriser un putsch destiné à abattre Diem, aux mensonges à répétition de Richard Nixon ainsi qu'aux palinodies des négociations...
Une page d'histoire fulgurante et exemplaire, brillamment réalisée avec l'écriture "globale", c'est à dire dans un amalgame subtil de témoignages et d'archives signifiantes, ringardisant ainsi les "apocalypse" de Costelle et son histoire-spectacle colorisée, car elle restitue un récit factuel objectif mais toujours proche de l'humain, induisant l'émotion qu'expriment des citations de Bob Dylan, des Stones, des Beatles et de Jimmy Hendrix.
Saïgon 1975 / Kaboul 2021 : l'histoire bégaie terriblement. Doit-on alors s'interroger sur les leçons du passé quarante-six ans après ?
En tout cas, il est évident que l'impérialisme américain porte en lui la guerre "comme la nuée porte l'orage"...
Mais sa force brutale est inopérante face au désir d'autonomie des peuples.
Car "personne n'aime les missionnaires armés".
Jean A.Chérasse
Nb / cf l'excellent article de l'historien américain Keith Taylor sur le site "lundi matin"