En voici deux extraits :
"Pourquoi se gêner tant que l'opinion publique préformatée prend parti pour l'un ou l'autre belligérant, comme s'il s'agissait d'un match de football opposant Russie, Ukraine, Israël, Palestine ? Les paris sont ouverts et les hourras des spectateurs couvrent les hurlements des foules massacrées.
Nous contenter d'anathématiser une civilisation ordurière ne l'empêchera pas de se perpétuer tant que nous laisserons les lois de la rapacité financière orchestrer notre dénaturation, rythmer nos apathie, ponctuer nos frustrations en déchaînant les explosions d'une haine aveugle et meurtrière. Ajouter le reproche à la faute ? A quoi bon ! Cela n'aboutirait qu'à conforter une culpabilité personnelle qui s'exorcise en culpabilisant les autres. Le réflexe prédateur y trouverait à nouveau son compte.
Les exhortations adressées au plus grand nombre tombent sous le coup d'un double discrédit : d'une part, les mots d'ordre et les incitations militantes remettent en marche le vieux moteur du Pouvoir où le radicalisme a tôt fait d'entraver la radicalité de l'expérience vécue ; d'autre part, ce qui choisit de se diffuser sur le podium des généralités se dilue aisément dans le salmigondis des idées coupées du vivant.
...
Est-il meilleur garant de l'éveil des consciences que l'entraide ? Ce n'est pas un hasard si celle-ci renaît spontanément à mesure que la prédation cesse de dissimuler qu'elle se dévore et rentabilise son autodestruction.
La faillite de l'avoir propage un ennui pire que la mort dont sans arrêt elle agite le spectre. Et voilà que le souffle de la vie réhabilite l'être. Le sujet s'émancipe de l'objet, il affranchit de la chose, à quoi le réduisait la réification. N'est-ce pas ce que sous-entend l'adage "l'homme et la femme ne sont pas des marchandises" ?
La part de féminité revendiquée par l'homme et la part de masculinité revendiquée par la femme n'y changent rien. "Dès l'instant où nous épargnerons à l'enfant les ravages de l'éducation prédatrice, nous n'aurons plus qu'à laisser à sa radicalité spontanée le soin de l'éveiller à sa destinée d'être humain."
Ps / cf cette citation de Denis Diderot :
"La nature n'a créé ni maîtres ni esclaves
Je ne veux ni donner ni recevoir de lois"