"Il faut que la presse désormais change de rôle, et que le journalisme révolutionnaire donne l'exemple ; plus de ces histoires qui font mousser un homme, et avec lesquelles, jadis, on amusait Paris. Il ne s'agit pas de l'amuser, mais de le sauver.
Aussi le Cri du Peuple repousse-t-il tout ce qui peut ressembler à une réclame ou un scandale, et si, hier, l'on eut rencontré Vermersch, on l'aurait prié d'effacer ce qu'il avait écrit d'un journaliste dans les Feuillets rouges (il avait sur le ton de la diffamation, violemment pris à partie Adolphe Guéroult, journaliste de l'Opinion Nationale).
Il n'est pas venu des témoins boutonnés nous demander cette déclaration...Quand nous croyons ne pas avoir blessé, nous le déclarons ; quand nous croyons avoir eu tort, nous le disons...
Ce n'est point à dire qu'on pourrait abuser d'une conviction pour tracasser un convaincu, et qu'on n'abandonnerait pas un moment sa place sur le front de bandière pour se défendre dans un coin avec une épée ! Mais j'ai toujours vu les plus braves regretter d'avoir engagé leur personne dans les débats publics et souffrir d'avoir accepté des querelles, même quand elles s'étaient terminées à leur profit, restées à leur honneur !
Donc, pardonnons-nous certains gestes de lutte, et quelques hasards de combat ! Quand nous entendons pousser un cri de passion, alors que ce cri-là déchirerait nos oreilles et irriterait notre conviction, disons-nous que c'est un autre convaincu qui parle, et en ces jours de trouble et de misère, soyons larges, ayons plus d'indulgence que de colère et plus de douleur que d'orgueil."
NB/ "Quand les droits du peuple sont foulés au pied, sa colère est parfaitement légitime !" (Louise Michel)