Cette nème "réforme" de l'audiovisuel est un petit pas vers une salutaire réforme du système. Mais, tout de même, un pas significatif puisqu'il met un terme à "radio et télé Sarko". Il n'empêche que ce sera probablement chou blanc.
Ayant vécu professionnellement le passage de la RTF à l'ORTF, puis ayant assisté au pourrissement progressif des radios et des télévisions sous les coups de boutoir des lobbies publicitaires, je suis un peu estomaqué qu'on puisse encore, aujourd'hui, s'esbrouffer avec le projet d'un nouveau CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) tant cet organisme n'a jamais assumé les responsabilités qui lui étaient attribuées, étant lui-même le fruit avorté d'un voeu pieux.
En réalité (et pour faire simple) l'audiovisuel souffre d'une malformation congénitale. Il est un mélange hétérogène d'information et de culture. D'où la mainmise du pouvoir politique sur les grands medias. Et, en échange, un laisser-faire du même pouvoir vis à vis des oligarchies commerciales.
Au début de la Ve République, l'information et "les affaires culturelles" étaient sagement séparées. Ainsi Jean d'Arcy et Albert Ollivier eurent-ils la possibilité - avec le concours des réalisateurs pionniers des Buttes Chaumont - d'innover et de créer : ce fût l'âge d'or de la télévision qui se prolongea sous l'ORTF dont on ferait bien de s'inspirer afin de rendre au service public le souffle et l'originalité qui lui manquent cruellement.
A ce système audiovisuel géré par l'équilibre des pouvoirs administratifs et artistiques, on a malheureusement substitué la dictature de l'audimat, générée par l'investissement publicitaire. Un poison mortel !
Le système est donc vicié. Aucun CSA (de droite ou de gauche) n'y pourra rien. Et j'ai bien peur que cela soit irréversible...
Il faudrait pouvoir isoler - comme Bernard Faivre d'Arcier l'avait conçu pour la SEPT, qui est devenue ARTE - un service public sans obligation d'audience (dont sans publicité), dont les responsables seraient choisis dans un vivier de professionnels émérites.
Mais où sont aujourd'hui les Desgraupes, les Dumayet, les Santelli, les Max-Pol Fouchet, les Averty, les Chancel, les Maritie et Gilbert Carpentier, les Denise Glaeser, etc ?
La seule réforme souhaitable : une réforme libertaire.