Le vendredi 25 août 1944, à 15 h 30, devant la Gare Montparnasse, le général allemand Von Choltitz signait l'acte de reddition de ses troupes, mettant ainsi fin aux combats pour la libération de Paris. Ce document était reçu par le général Philippe Leclerc de Hauteclocque et contresigné par le Colonel Henri Rol-Tanguy, chef des FTP/FFI de l'Ile de France.
Pour commémorer le 40e anniversaire de l'événement, je réalisais en 1984 un film produit par l'Institut National de l'Audiovisuel*, dont le titre était un hommage à Paul Eluard.
Cet essai historique documentaire, basé sur de précieux témoignages et sur des archives pour la plupart inédites, avait pour ambition de dire la vérité sur ce moment fondateur de notre résurrection nationale, c'est à dire sur l'insurrection populaire qui a permis de chasser l'occupant : il fût donc l'objet de contestations et de critiques acerbes, notamment par un papier venimeux d'Alain Peyrefitte, dans Le Figaro.
Ce film avait pourtant eu l'honnêteté de mettre face à face, deux protagonistes parlant d'une même voix : le gaulliste Jacques Chaban-Delmas et le communiste Rol-Tanguy.
Avec ce dernier, nous avions imaginé de le filmer dans une traction avant Citroën, pour lui faire revisiter les lieux importants de la bataille de Paris. De cette bataille, immortalisée par Doisneau au cours d'une séquence d'anthologie.
Un moment d'émotion rare aussi avec le témoignage des républicains espagnols de la 2e DB, qui furent les premiers militaires libérateurs, sur la place de l'Hôtel de Ville...
Je ne comprends pas pourquoi ce film n'a jamais été rediffusé.
La vérité historique serait-elle subversive ?
Jean A.Chérasse
* film conçu avec Frédérique Grou-Radenez, co-réalisé avec Théo Robichet et Gilles Nadeau