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Billet de blog 27 février 2017

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Cronstadt, la faute mortelle

Il y a quatre-vingt-seize ans, un port de la Baltique allait être le théâtre d'une tragédie qui allait non seulement endeuiller tout le XXe siècle, mais qui allait hypothéquer lourdement l'existence et le développement d'une des plus belles idées humaines : le communisme.

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En parallèle avec les événements révolutionnaires d'octobre 1917 à Petrograd, les habitants d'une base navale sur la mer Baltique, s'étaient insurgés et avaient créé une "commune libre", autonome, pratiquant une forme de démocratie directe...à l'instar des Communeux parisiens, quarante-six ans plus tôt.

Mais les Bolcheviques et leur "bureaucratie rouge" ne supportant pas cette enclave libertaire, exercèrent à Cronstadt les rigueurs imbéciles de la "dictature du prolétariat" : ils subjuguèrent les soviets d'ouvriers, de paysans et de soldats, multiplièrent les exécutions sommaires, et réquisitionnèrent les récoltes au risque d'affamer la population...

L'équipage d'un cuirassé à quai, le Petropavlosk, protesta contre cette répression absurde, réclama le respect de la liberté d'expression, le droit pour les paysans et les artisans de travailler librement à la seule condition de ne pas employer de salariés, etc...

Le leader de la contestation, Petrichenko, alla même jusqu'à appeler de ses voeux une troisième révolution après celles de 1905 et 1917. Et cette résolution fut adoptée non seulement par l'équipage d'un autre cuirassé , le Sébastopol, mais validée au cours d'un meeting dans la ville qui réunit une bonne dizaine de milliers de personnes.

Un comité révolutionnaire élit un "collectif" pour gérer Cronstadt. Cette "nébuleuse anarchiste" dirigera le port avec bonheur... pendant seize jours, car à Moscou, le pouvoir bolchevique a pris la funeste décision d'envoyer l'Armée rouge pour mater la révolte. Elle sera noyée dans le sang par le futur maréchal Toukhatchevski.

Cette erreur fatale du nouveau pouvoir soviétique allait avoir des conséquences irréparables sur le destin du communisme russe car, malgré la mise en oeuvre de la NEP (nouvelle politique économique) relançant l'initiative paysanne, la bureaucratie prit le pouvoir au détriment de la réflexion et de l'action politiques faisant le lit du pouvoir personnel et du stalinisme.

Cette chape de plomb a recouvert de son sarcophage grisâtre une des plus belles idées de l'émancipation humaine.

Le 27 février est donc un jour de deuil pour la gauche.

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