C'est grâce à une recension de Karine Mangin (de l'association des amis d'Henri Guillemin) que ce livre a émergé du brouillard confiné où nous sommes requis depuis plusieurs mois, en nous révélant ce logiciel caché du capitalisme ...
Car il s'agit bien de cela puisque l'auteur de "la fable des abeilles", le Docteur Bernard de Mandeville*, nobliau normand issu d'une famille huguenote qui avait émigré aux Pays Bas à la suite de la révocation de l'Edit de Nantes, publia en 1714 un texte sulfureux, intitulé "recherche des origines de la vertu morale", dont voici la conclusion :
"Soyez aussi avide, égoïste, dépensier pour votre propre plaisir que vous pouvez l'être, car ainsi vous ferez le mieux que vous puissiez faire pour la prospérité de votre nation et de vos concitoyens."
Ce que Voltaire, père fondateur de l'idéologie bourgeoise, avait immédiatement traduit par : "Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le plus grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne."
Faire de la goinfrerie et du vice les deux mamelles de l'exploitation de l'homme par l'homme, et considérer la rapacité des possédants comme étant la condition sine qua non de l'existence d'une source pouvant créer un ruissellement de ressources au bénéfice de la masse servile est la parfaite définition du libéralisme...
C'est pourquoi la "fable" du Docteur Mandeville avait fait scandale à son époque ; elle avait aussi laissé des traces au XIXe siècle où elle a pu inspirer Proudon, Cabet, Leroux, Marx et le communeux Arthur Arnould.
Mais elle nous revient aujourd'hui comme un boomerang du passé :
la cellule-souche du macronisme.
* 1670/1733