La 27e nuit des Molières a récompensé au titre du "théâtre public" une pièce de Georges- Marie Jolidon adaptée et mise en scène par Xavier Lemaire, ces "Coquelicots des tranchées" qui constituent sans doute le plus bel hommage rendu à nos ancêtres pour la commémoration du centenaire de la grande boucherie de 14/18.
En effet, en dehors du spectacle tonitruant et commercial baptisée "Apocalypse" que diffusa France 2 avec son lot d'archives colorisés et bruitées, on passe généralement sous silence l'enfer subi par les hommes dans la boue des fronts et la lutte quotidienne des femmes de l'arrière durant ces quatre années de guerre impitoyable.
Le marbre des monuments ne garde pas la trace de leur souffrance, de leur peur et du sang versé par tous des anonymes qui ont fait l'histoire.
Cette pièce raconte l'histoire des ces millions d'hommes, de femmes et d'enfants brutalement emportés par cette folie guerrière : comment survivre à 4 ans, 3 mois et 11 jours de carnage, sans que des changements interviennent dans les mentalités et les traditions ?
Douze comédiens donnent vie à ces destins individuels qui s'entrecroisent, ignorant que chaque acte, chaque sentiment de l'un entraîne des réactions en chaîne sur les autres...
Cette saga familiale est un poignant hommage à nos grands parents ainsi qu'un superbe exercice de micro histoire.
Elle est trés bien servie par des comédiens de talent, notamment Bérangère Dautun (sociétaire de la Comédie-Française) entourée de jeunes comédiens prometteurs parmi lesquels je me contenterai de citer Céline Mauge.*
Ce spectacle est une co-production de la Compagnie des Larrons, le Théâtre de Saint-Maur, le groupe ACTIF (Association Culturelle des Théâtres en Ile-de-France) et l'Atelier Théâtre Actuel.
Voilà enfin la fresque quotidienne de la "grande guerre", le sacrifice absurde des générations passées.
L'art dramatique au service de l'humain.
* comédienne et chanteuse