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Billet de blog 28 juin 2014

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"Dreyfus" à la Cinémathèque française

Il aura fallu quarante ans de purgatoire pour que "Dreyfus ou l'intolérable vérité" , frappé par toutes les censures et victime de tous les ostracismes, trouve enfin son oxygène en étant projeté à la Cinémathèque française, le mercredi 2 juillet à 20 h 30.*

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Il aura fallu quarante ans de purgatoire pour que "Dreyfus ou l'intolérable vérité" , frappé par toutes les censures et victime de tous les ostracismes, trouve enfin son oxygène en étant projeté à la Cinémathèque française, le mercredi 2 juillet à 20 h 30.* Ce film avait été produit en 1974 par mes deux amis d'enfance, Jacques Charrier et Jean-Claude Brialy. Et il me donna le privilège de travailler avec le grand Henri Guillemin.

Reconnaissance ? Réhabilitation ? Relaxe ?  En tout cas, je remercie chaleureusement le Président de la Cinémathèque, Costa-Gavras.

Ce malheureux essai historique et politique que la télévision publique n'a jamais voulu diffuser, était le premier film français sur cette "Affaire Dreyfus" qui a marqué le XXe siècle du sceau de l'intolérance, du mensonge d'Etat et de l'infamie ; et aussi et surtout de cette haine raciale qui prendra quelques décennies après le visage hideux de la Shoah.

Quelles sont les raisons profondes (et sans doute inavouées) pour lesquelles les grandes chaînes de télévision ont décidé de produire deux fictions sur le sujet plutôt que de montrer ce modeste documentaire au grand public ?

L'explication me semble limpide : on peut raconter l'Affaire (qui est un véritable polar) mais on ne prend aucun risque car on reste dans le romanesque en évitant soigneusement les questions essentielles qui sont évidemment des questions dangereuses car elles nous interpellent avec la même force que celle qui fut déployée par Emile Zola à l'époque.

La bien-pensance a peur de la vérité qu'elle juge intolérable.

Pourquoi Dreyfus ? Pourquoi ce complot de l'Etat-Major de l'Armée ? Quelles sont les raisons impérieuses qui pourraient justifier "la raison d'Etat" ? Qu'est-ce qu'un bouc-émissaire ? Le racisme et l'antisémitisme sont-ils des armes politiques ? La justice peut-elle faire fi de la conscience humaine ? Le mensonge est-il une règle obligatoire de l'exercice du pouvoir ? La démocratie est-elle en mesure de faire face à un tel dysfonctionnement ?

etc, etc...

Mais si les "honnêtes gens" n'ont pas voulu montrer le film au grand public, ce virulent pamphlet contre l'antisémitisme est tout de même sorti sur les écrans de deux petites salles à Paris et dans quelques villes de province** ; il a fait l'objet d'une grande quantité d'appréciations critiques dont je donnerai un florilège dans mes prochains billets.

Est-ce la fin d'un tabou ?

Fiat Lux.

Jean A.Chérasse

* 51 rue de Bercy 75012 Paris

** grâce aux Films Molière qui ont eu le courage de le distribuer.

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