Le merveilleux phénomène de cette éclipse totale de lune, observé cette nuit, me fait irresistiblement penser à ce superbe poème de Guillaume Apollinaire qui a bercé mon adolescence et qui m'a inspiré ce petit film expérimental "Un charlatan crépusculaire", mis en ligne pour les abonnés de Mediapart.
Mais ma rêverie s'est vite dissipée devant la signification métaphorique du phénomène cosmique puisque la lune a été complêtement mangée par l'ombre portée de la terre, disparaissant dans un ciel tout noir...
Sans doute y ai-je vu à l'instar des haruspices une préfiguration de l'effacement inexorable de notre planète, gangrénée par le capitalisme malgré toutes les gesticulations des "charlatans crépusculaires" du monde entier, qui "vantent les tours que l'on va faire" ?
Il me faut bien avouer que j'ai l'esprit mal tourné car je suis excédé par les discours déclinistes de tous les "intellectuels" médiatisés qui vont de charybde en scylla pour mieux tirer leur épingle du jeu et booster la vente de leurs derniers bouquins.
L'époustouflant spectacle que vient de nous offrir la nature devrait nous ramener à hauteur d'homme, à des sentiments fraternels, au devoir impérieux d'altruisme et de solidarité qu'ont les occupants de ce globe terrestre, si bien exalté par Saint-Exupéry.
Il est inimaginable que la lune ne baigne de son "obscure clarté" que des massacres et des horreurs !
Vivre ensemble ne saurait être un oxymore.
Bientôt, la lune sera rouge.