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Billet de blog 29 avril 2010

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Un inédit de Jules Vallès

Pour marquer la fin de ma première année d'abonnement à Mediapart.Ayant échappé aux pelotons d'exécution des Versaillais, Jules Vallès s'est exilé à Londres où il vit misérablement de quelques articles que veut bien publier en France, ce qui reste de la presse d'opposition... Il correspond avec son condisciple et ami Arthur Arnould. Voici un extrait d'une de ses lettres,datée du 30 novembre 1876.

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Pour marquer la fin de ma première année d'abonnement à Mediapart.

Ayant échappé aux pelotons d'exécution des Versaillais, Jules Vallès s'est exilé à Londres où il vit misérablement de quelques articles que veut bien publier en France, ce qui reste de la presse d'opposition... Il correspond avec son condisciple et ami Arthur Arnould. Voici un extrait d'une de ses lettres,datée du 30 novembre 1876.

"La solitude m'oppresse, l'indifférence de la nature, impudemment belle, me fait mal. Les vaincus sont des égoîstes qui ne comprennent pas qu'autour d'eux rien n'indique qu'on connaît leurs blessures. Mais que dire du silence de Londres un dimanche ? Il n'y a pas de compensation : des bruits d'insectes,des ruissellements de blé,de la fraicheur ou de la flamme. C'est l'agonie dans une immense caisse de pierre,pierre jaune comme le sable des carrières.

Quand je ne suis plus soutenu par ma colère sociale née d'un voyage à travers la City cruelle où les rues sont pavées de la chair des pauvres,quand je suis seul dans un trou du grand ponton au repos,j'ai le spleen comme eux - un spleen doublé de tout mon regret de la patrie !

Dans le soleil,aux temps de la grande misère,j'avais peur de la lumière claire et du ciel bleu parce qu'on voyait davantage les taches sur l'habit blanchi et le chapeau roux. Aujourd'hui,dans la misère morale de l'exil,je souffrirais peut-être plus de voir les villes fades,les cités calmes où rodent inoffensifs mais inutiles et impotents,résignés d'allure,de rares passants qui se contentent d'entrevoir de la verdure et de beaux soleils couchants."

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