Aux côtés de Michael Haneke et de Jean-Louis Trintignant, on l'a vue dimanche soir sur l'estrade du palmarès de Cannes, avec ses petites lunettes cerclées de métal laissant passer un regard malicieux et lumineux. Cette vieille dame est Emmanuelle Riva, dont l'interprétation du film "Amour" vient d'être consacrée par la Palme d'or du 65e Festival international.
Née il y a quatre-vingt cinq ans dans une modeste famille ouvrière des Vosges, Emmanuelle Riva est sans aucun doute l'une des meilleures comédiennes françaises.
Elle connait la célébrité en 1959 avec le film d'Alain Resnais, "Hiroshima mon amour", puis sera la partenaire de Belmondo dans "Léon Morin, prêtre" (1961) de Jean-Pierre Melville et l'inoubliable "Thérèse Desqueyroux" de Georges Franju (1962). Trés rigoureuse dans le choix de ses rôles, elle refusera la facilité et sera successivement l'interprète de Jean Cayrol, d'André Cayatte, de Dominique Delouche, de Fernando Arrabal, de Bernard Queysanne, de Jean-Pierre Mocky, de Marco Bellocchio, de Jean Delannoy, de Krysztof Kieslowski, de Jean-Pierre Améris et de Julie Delpy.
Mais sa véritable carrière de comédienne est au théâtre où elle jouera George Bernard Shaw, Maxime Gorki, Vercors, Jacques Audiberti, Harold Pinter, Copi, Pirandello, Shakespeare, Nathalie Sarraute, Ivan Tourgueniev, Marivaux... sans oublier Montherlant, Molière, Goldoni et, récemment "Médée" d'Euripide ,mis en scène par Jacques Lassale pour le Festival d'Avignon.
Emmanuelle Riva a aussi publié trois recueils de poèmes : "Juste derrière le sifflet des trains", "Le Feu des miroirs", et "L'Otage du désir"*
* Nouvelles Editions Latines (1982), les autres recueils étant publiés à la Librairie Saint-Germain-des-Près