Ce fut en juin 1789 que les comités d'électeurs parisiens du Tiers-Etat réclamèrent, à l'initiative de l'abbé Sieyès qu'ils avaient élu en 21e et dernière position sur la liste des députés de Paris aux Etats-Généraux, la création d'une garde bourgeoise, à l'instar des milices médiévales.
Louis XVI refusa mais le 13 juillet , la municipalité de Paris vota la formation d'une milice de 48 000 hommes, dont La Fayette fut élu le chef, quarante huit heures après. Les autres grandes villes de France imitèrent Paris et l'ensemble fut unifié sous l'appelation de Garde nationale qui fut organisée par la loi du 14 octobre 1791.
Cette Garde joua un grand rôle dans les journées révolutionnaires ; elle participa notamment à la prise du château des Tuileries, le 10 août 1792, qui devait marquer la chute de la monarchie.
Mais son recrutement (les citoyens actifs) et son équipement (pris en charge par les intéressés) n'en faisaient qu'une milice bourgeoise.
Aussi, fut-elle récupérée tour à tour par Napoléon, puis par Louis XVIII et par Louis-Philippe. Et elle prit une part importante dans la répression des insurrections de 1832, 1834 et de juin 1848.
Le Second Empire la mit en sommeil, mais dès la déclaration de guerre de 1870 il y eût des milliers de demandes d'enrôlement. Tant et si bien que le ministère d'Emile Ollivier décida l'incorporation de tous les hommes non mariés de 25 à 30 ans. Puis après la constitution de 60 bataillons au mois d'août, ce furent 254 bataillons fin septembre, représentant une véritable armée populaire, formée essentiellement dans les quartiers où prédominaient artisans et ouvriers.
Ces bataillons reçevant solde (30 sous par jour) et armement par l'intermédiaire des mairies, élirent leurs chefs et vont se politiser à mesure que dure le siège de Paris par les Prussiens, en réaction aux carences et trahisons d'un gouvernement dit de" défense nationale", qui préférera capituler plutôt que d'affronter la colère et les revendications populaires.
C'est ainsi que la Garde nationale fédérée devint la grande force politique parisienne, révolutionnaire, qui s'empara le 18 mars 1871, du pouvoir abandonné par les "élites bourgeoises" et créa... la Commune de Paris.
Ce qui a démontré qu'une milice populaire ne peut devenir qu'une armée populaire, c'est à dire une force révolutionnaire. D'ailleurs, la République bourgeoise l'a bien compris puisqu'elle a décidé la dissolution definitive de la Garde nationale le 30 août 1871. Et cette loi n'a jamais été révisée depuis.
Alors, quel peut-être l'objectif du Président ?
NB/ c'est aussi le titre d'une charmante comédie de René Clair (1935)