Woody Allen qui est sans doute l'un des grands moralistes de notre époque, n'hésiste pas à décrire notre société avec le cynisme tranquille d'un nanti de Greenwich Village.
"Le poisson rouge ignore qui change l'eau de son bocal ", confesse-t-il dans son film "Magic in the moonlight", magnifiquement interprêté par Colin Firth et Emma Stone.
De même aujourd'hui ceux qui sont censés administrer notre vie et gérer notre avenir, au moins à court terme, ont oublié celles et ceux qui les ont nommés, en leur accordant leur confiance.
Que d'une social-démocratie qui a viré peu à peu au social-libéralisme, nous soyons désormais condamnés à subir un social-réformisme au cours d'un quinquennat dit de gauche, n'est pas une simple anomalie. C'est une véritable imposture !
Ainsi, après la gouvernance bourgeoise d'une droite d'inspiration gaullienne et la prise du pouvoir politique par les oligarchies financières, nous vécûmes le temps des voyous qui a été l'âge d'or des privilégiés.
Mais notre société, qui aspirait au changement, vient d'être traumatisée par l'espérance trahie ; elle refuse de croire que le socialisme modernisé est incarné par Valls et Macron, ces ludions de la république des "honnêtes gens".
En réalité, nous prenons douloureusement conscience que la triade républicaine est à ranger dans la boite aux accessoires du passé, et que nous devons nous plier à la règle nationale du faux-semblant et du mensonge.
Réformons afin que la bien-pensance "démocratique" génère enfin cette cuirasse d'indifférence qui permet toutes les vilénies.
Comme l'a écrit Montesquieu : "Il n'est pas indifférent que le peuple soit éclairé".