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Billet de blog 30 juin 2019

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Mélenchonnie

La pertinente analyse d'Olivier Tonneau, intitulée "Adieu France insoumise" et le dernier édito du blog "L'ère du peuple" de Jean-Luc Mélenchon, intitulé "Il ne fait pas chaud pareil pour tout le monde", m'ont déterminé à vous faire part de ces quelques réflexions...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

...car s'il faut rendre à César ce qui appartient à César, il ne faudrait pas aujourd'hui venir brûler l'emblématique figure d'un homme qui a incarné l'espoir du changement pour des millions de gens ! Et elles ne sont pas si nombreuses dans l'histoire française récente, ces personnalités qui ont laissé entrevoir que les lendemains pourraient chanter sinon fredonner...

En fait Mélenchon, comme avant lui Jules Guesde ou Marceau Pivert, est englué dans la contradiction du dilemme républicain tel qu'il a éré défini par Mona Ozouf : "Jumelles, la liberté et l'égalité, ou ennemies ? Jumelles, certes au sens où le droit individuel est seul possible à universaliser. Et pourtant ennemies, parce que la première est indéterminée, et que la seconde appelle irrésistiblement la détermination (égal à qui ? égal à quoi ?) engendrant ainsi le malheur moderne, celui de se comparer...

Reste le problème de l'adjonction, à ses soeurs ennemies, de la fraternité. Car celle-ci à l'évidence est d'un autre ordre ; des devoirs et non des droits, des liens et non des statuts, de l'harmonie et non du contrat, de la communauté et non de l'individualité. Ordre charnel plus qu'intellectuel, religieux plus que juridique, spontané plus que réfléchi."

Ce dilemme fondamental qui m'a conduit à explorer la Commune de Paris de 1871* a été habilement et hypocritement détourné par la bourgeoisie qui en a fait la devise de sa république avec la triade formelle qui orne les frontons de tous les édifices publics. A l'abri de ce paravent moral et politique, s'est construit un système électoral artificiel au grand bénéfice des notables et des affidés du patronat, avec le scrutin à deux tours : au premier on choisit, au second on élimine.

La Ve République est le dernier avatar de cette pseudo-démocratie parlementaire conservatrice, qui s'est installée dans le sillage des Versaillais.

Jean-Luc Mélenchon, nourri de culture politique mitterrandienne, a bien compris que la seule fenêtre qui lui était ouverte était celle de l'élection présidentielle, mais il n'a pas pris conscience du fait que le piège pourrait se refermer sur lui en cas de non qualification pour le deuxième tour.

"Dorénavant, je voyage dans la vie avec des bagages moins lourds : le dégoût pèse moins lourd que l'amertume" vient d'écrire le tribun dans son blog. Mais lorsqu'on est l'initiateur d'un courant d'insoumission, on le manifeste électoralement. En 2017, on appelle tous ses électeurs à l'abstention car on ne peut choisir entre la peste et le choléra. Et puis, récusant le système inique que l'on dénonce, on ne participe pas à la mascarade des élections législatives...

Quel gâchis ! Le tribun de la gauche est sans aucun doute un homme de conviction, intelligent et cultivé. Il aurait pu nous faire oublier la calamiteuse gouvernance social-démocrate car il disposait en la personne de Jacques Généreux de l'un des meilleurs économistes français, il aurait pu souffler sur les braises allumées par les Gilets Jaunes, il aurait pu ...

Il me fait penser au "communeux altéré de justice" Charles Delescluze, qui est allé se faire tuer sur la grande barricade du Château d'eau.**

Ne lui jetons pas la pierre !

* "Les 72 Immortelles" (éditions du Croquant)

** aujourd'hui, place de la République

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